Avec son titre long comme un discours de Macron, Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot, sur les écrans le 4 avril, Gus Van Sant fait jouer à Joaquim Phoenix un caricaturiste tétraplégique. Décidément, cet acteur est capable de tout…
Le dernier Gus Van Sant est un biopic. Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot raconte l’histoire vraie de John Gallahan (1951-2010)… Même après avoir failli mourir dans un accident de la route lors d’une nuit de beuverie avec son ami Dexter, John Callahan n’a pas la moindre intention d’arrêter de boire. Il finit pourtant par suivre une cure de désintoxication, soutenu par sa compagne et un mentor charismatique, et se découvre alors un don inattendu… Il crée des dessins à l’humour noir, satirique et

insolent, qui lui vaudront un succès international dès leur publication dans la presse. En dessinant, Callahan découvre une nouvelle manière de voir la vie…
Tourner cette histoire est un projet vieux de vingt ans. C’est Robin Williams qui avait acheté les droits de l’autobiographie de Callahan voulant produire le film en confiant la réalisation à Gus Van Sant. Plusieurs projets de scénario avaient vu le jour et ce n’est qu’à la mort du comédien en 2014 que Gus Van Sant a repris le flambeau pour coller au plus près au livre en se concentrant sur l’alcoolisme de Callahan. Et il a pensé à Joaquin Phoenix pour jouer ce personnage haut en couleurs, un acteur qu’il avait dirigé dans Prête à tout : il n’avait alors que 19 ans. « Je tenais à retravailler avec Joaquin et cela a failli se faire à plusieurs reprises. Nous sommes restés en contact dans l’espoir de trouver le projet qui nous réunirait, et lorsque je lui ai fait parvenir le scénario de Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot, il a immédiatement été séduit » souligne Gus Van Sant.
Caméléon dans l’âme, Joaquin Phoenix s’est immergé dans le monde de Callahan pour comprendre son personnage de l’intérieur. Ainsi, il a passé du temps au centre de rééducation Rancho Los Amigos de Downey en Californie, où John Callahan a été traité après son accident et discuté avec de nombreux patients. Le comédien raconte : « C’est toujours assez délicat de s’immiscer dans la vie d’inconnus lorsqu’on fait des recherches pour un film, mais la plupart de ceux que j’ai rencontrés étaient
handicapés depuis quinze ou vingt ans et souhaitaient parler de leur expérience. Ils m’ont laissé leur poser toutes les questions que je voulais. » Il a aussi pu écouter les sept heures de l’interview fleuve que Gus Van Sant avait réalisée avec Callahan avant sa mort.
Une fois encore, Joaquin Phoenix se métamorphose sur grand écran : il a même bluffé le frère cadet de John Callahan, Tom, qui lui a rendu cet hommage : « Il se comportait exactement comme John. Je suis allé le trouver ensuite, pour lui dire que j’avais eu littéralement l’impression de revoir mon frère. » Pour le public, ce film est donc l’occasion de mesurer la palette de jeu d’un acteur qui, après Jésus, se glisse dans la peau d’un tétraplégique dont la reconstruction s’avère longue et douloureuse et au générique d’un film où il retrouve, une fois encore, sa compagne Rooney Mara.


