THE RIDER, de Chloé Zhao – 1h44
Avec Brady Jandreau, Tim Jandreau, Lily Jandreau
Sortie : mercredi 28 mars 2018
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Le jeune cowboy Brady, étoile montante du rodéo, apprend qu’après son tragique accident de cheval, les compétitions lui sont désormais interdites. De retour chez lui, Brady doit trouver une nouvelle raison de vivre, à présent qu’il ne peut plus s’adonner à l’équitation et la compétition qui donnaient tout son sens à sa vie. Dans ses efforts pour reprendre en main son destin, Brady se lance à la recherche d’une nouvelle identité et tente de définir ce qu’implique être un homme au cœur de l’Amérique.
Ce qui touche dans ce film ?
Pour Chloé Zhao, l’idée du film remonte à 2013 sur le tournage de son film Les chansons que mes frères m’ont apprises, dans la réserve indienne de Pine Ridge où elle avait rencontré un groupe de
cowboys Lakota. Elle souligne d’ailleurs : « La réserve de Pine Ridge est comme ma deuxième maison. » Dans ce nouveau film, elle nous plonge dans le milieu méconnu du rodéo avec ses codes, sa violence… en se focalisant sur Brady Blackburn, spécialiste de la monte de cheval sauvage et qui a été victime d’un grave accident et doit vivre avec une plaque de métal dans le crâne qui lui interdit a priori de sacrifier à sa passion : chevaucher et dresser. Et le jeune homme sait trop que s’il était, lui, un cheval, on l’aurait euthanasier. Le jeune acteur le reconnaît lui qui a connu le même grave accident que son personnage : « Le mois dernier, nous avons dû abattre Apollo (un des chevaux que dressait Brady) parce que sa patte a été grièvement entaillée par des barbelés. Si un animal dans les parages était blessé comme je l’ai été, il se ferait piquer. On m’a gardé en vie au motif que je suis un humain, mais cela ne suffit pas. Je suis inutile si je ne peux pas accomplir ce à quoi je suis destiné »Les amateurs d’espace et d’histoire qui se déroule avec une certaine lenteur seront comblés avec cette histoire d’une espèce d’ange déchu dans une Amérique profonde où la vie est rude et l’argent si difficile à gagner. En suivant ces personnages pour lesquels la vie ressemble à un rodéo, en montrant la
solidarité avec ceux que l’existence a brisé – les séquences dans le centre de rééducation entre Brady et son vieux copain désormais muet et presque paralysé sont très émouvantes – Chloé Zhao restitue avec finesse cette Amérique délaissé et les « petites » gens qui la peuplent et ne sont que les ombres des John Wayne du grand écran.
La force de ce film quasi documentaire repose sur le jeu de non professionnels qui savent « jouer » leur propre vie, montrent leurs fêlures et dont la cinéaste a tiré le meilleur partie. « Tout le monde dans le film provient de la réserve ou de ses environs. Parmi eux, Tim, le père de Brady, est un cowboy traditionnel qui a transmis à son fils tout ce qu’il sait. Sa petite sœur Lilly, douée et pleine d’entrain, atteinte du syndrome d’Asperger, s’est exprimée sans Brady les entraîne et intéragit avec eux, tout en profitant des couchers de soleil féeriques du Dakota du sud », confie la cinéaste qui revisite la mythologie chère au western avec une profonde humanité.
