READY PLAYER ONE, de Steven Spielberg – 2h20
Avec Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn, Mark Rylance
Sortie : mercredi 28 mars 2018
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?

2045. Le monde est au bord du chaos. Les êtres humains se réfugient dans l’OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday. Avant de disparaître, celui-ci a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l’œuf de Pâques numérique qu’il a pris soin de dissimuler dans l’OASIS. L’appât du gain provoque une compétition planétaire. Mais lorsqu’un jeune garçon, Wade Watts, qui n’a pourtant pas le profil d’un héros, décide de participer à la chasse au trésor, il est plongé dans un monde parallèle à la fois mystérieux et inquiétant…
3 raisons d’y aller ?
Pour suivre les variations d’un cinéaste inspiré. Mais comment fait-il ? Quelques semaines après la sortie de Pentagon Papers, monté à une vitesse folle, le septuagénaire toujours vert du cinéma sort ce blockbuster ambitieux. Après ses colères politiques et sa défense de la liberté de la presse qui résonne particulièrement dans l’Amérique post-Trump, il nous plonge ici dans un univers de réalité virtuelle – pour célébrer les bonheurs de la réalité toute simple – dans un récit riche de symboles pop culturel et bourré de références au cinéma, du bon vieux : de King Kong au Shining, cher aux amoureux du film d’épouvante, en passant par Les Griffes de la nuit,Tron… Sans oublier des clins d’œil moins voyant et d’évocation non dénuée d’humour à sa propre filmographie. Au départ réticent, il s’est laissé pourtant convaincre par Ernest Cline dont il adapte ici le best-seller éponyme sorti en 2011.
Pour découvrir trois films (au moins) en un. Dans ce retour nostalgique dans un passé où démarrait la folie des jeux vidéo, Spielberg signe un film d’aventure qui est aussi un film fantastique et de science fiction. On y passe ainsi sans rupture d’une ville de futur faite de mobil homes empilés et d’où l’on s’évade par des lunettes virtuelles -ce qui permet à l’auteur d’y glisser quelques scènes où son ironie fait mouche – à une extraordinaire course de bolides dans un New-York du futur. Ou des séquences de combats intergalactiques menés à la vitesse de la lumière avec, en fil conducteur permanent, le bon vieux thème de la chasse aux trésors qui a bercé bien des cerveaux enfantins.
Pour se distraire en réfléchissant . Toujours fidèle à l’innocence de l’enfance, Spielberg signe ici une fable sur les temps modernes, la révolution virtuelle qui le fascine tout en nous mettant en garde contre ses dérives. En retrouvant une nouvelle fois après Le Pont des espions et Le Bon Gros Géant, Mark Rylance qui campe avec une bonhomie naturelle Anorak/ Halliday, le cinéaste donne un rôle fort à un savant pas si fou pour ne pas contrôler les dérives de ses créations. Et se perdre dans cette réalité dite virtuelle. Comme s’il s’identifiait un peu avec Halliday. Il dit : « Mon oasis à moi, c’est le cinéma. Sur un plateau, je suis libre et vivant, c’est mon environnement naturel. »
Pour la petite histoire, ce n’est pas le compositeur fétiche de Spielberg qui officie cette fois : John Williams était en effet trop occupé à concevoir la partition de Pentagon Papers pour être sur tous les fronts. Et c’est Alan Silvestri, auteur notamment de la BO de Retour vers le futur, et de la plupart des films de Robert Zemeckis, qui a pris la relève et réussi ses compositions.
Avec Ready Player One, Spielberg réussit un joli tour de force en imbriquant avec finesse la technologie futuriste dans un monde contemporain et en faisant passer le spectateur, avec délicatesse, en permanence entre deux mondes. Un sacré pari et un défi pleinement réussi, d’autant plus qu’il y a aussi dans cette aventure une vraie dimension ludique !

