LA FOI DES ENFANTS PERDUS

LA PRIÈRE, de Cédric Kahn – 1h47

Avec Anthony Bajon, Damien Chapelle, Louise Grinberg, Hanna Schygulla

Sortie : mercredi 21 mars 2018

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Pour sortir de la dépendance de la drogue, Thomas, 22 ans. rejoint une communauté isolée dans la montagne tenue par d’anciens drogués qui se soignent par la prière. Il va y découvrir l’amitié, la règle, le travail, l’amour et la foi…

Et alors ?

C’est justement parce qu’il n’est « ni croyant, ni chrétien, ni ex-toxicomane » que l’on est étonné de retrouver Cédric Kahn sur un tel terrain de la rédemption par l’application d’une stricte morale chrétienne et dans une vie en communauté coupée du monde. Après avoir été mise sur la piste d’une telle histoire par une jeune auteure, Aude Walker, il a travaillé sur l’écriture avec un duo de scénaristes : Fanny Burdino et Samuel Doux. « Samuel est allé à la rencontre de jeunes gens en pleine expérience, observé leurs rituels et leurs disciplines de vie, recueilli leurs témoignages, souligne Cédric Kahn. L’écriture a pris corps à partir de ce moment-là. »

On peut être tout à fait étranger, voire hostile, à la notion de rédemption chrétienne, de retour aux sources d’une communauté, dont on mesure vite ce qu’elle cache de névroses, mais Cédric Kahn esquisse un certain nombre de pièges en montrant bien la puissance des relations nouées entre ces naufragés de la vie. Et il montre bien aussi la force du melting-pot entre des jeunes venus de tous les horizons sociaux.

Là où Cédric Kahn réussit pleinement son pari, c’est dans la direction de jeunes acteurs qui accrochent le regard dès leur première apparition. En premier lieu, Anthony Bajon, à la silhouette trapue, dont la forte présence cache aussi une vraie violence qui peut jaillir au détour d’une conversation.

Au milieu de ce casting de jeunes pousses, on découvre ,étonné, Hanna Schygulla qui campe  la Sœur qui a été à l’origine de ce lieu. « On trouvait intéressant que ce personnage très symbolique soit incarné par une actrice mythique » note le cinéaste. Quant au rôle de Sybille, dont la rencontre avec Thomas lui sert de révélateur, il est tenu avec beaucoup de tact par Louise Grinberg.

L’autre « acteur » de ce film atypique, c’est ce décor de montagne préservée, déniché dans le Trièves en Isère. Un lieu très beau avec ce mélange de beauté et de dureté. En tout cas, un film qui sort des sentiers battus. Pour ce rôle fort, le jeune Anthony Bajon (Thomas) a décroché l’Ours d’argent du meilleur acteur au dernier Festival de Berlin. Nul doute qu’on le verra désormais dans des rôles de premier plan alors qu’il était jusqu’ici plus familier des rôles secondaires (Les Ogres, Rodin) car il crève, ici, l’écran.

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