VINCENT ET MOI, d’Edouard Cuel, Gaël Breton – 1h20
Documentaire
Sortie : mercredi 23 mars 2018
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Vincent est né avec une trisomie, une différence qui demande du courage, de la patience et une bonne dose d’humour parfois. Tout est un peu… beaucoup… plus compliqué pour lui. Maintenant, il a grandi. Il aimerait vivre comme tout le monde, travailler, être autonome mais surtout être amoureux… Edouard, son père, va tout faire pour l’aider à trouver cette indépendance qu’il désire tant, mais Vincent sera-t-il capable de voler de ses propres ailes ?
Et alors ?
Avec un tel thème – le combat d’un père pour permettre à son fils trisomique – de mener une vie la plus autonome possible, il était possible de signer un doc plein de bons sentiments et de pathos. Accompagné de Gaël Breton à la réalisation, Edouard Cuel montre son quotidien et celui de son fils sans cacher les montagnes qu’il a dû soulever, sans montrer non plus les instants de vrais découragements devant les difficultés administratives qu’il rencontre sur son -long- chemin.
Edouard Cuel souligne : « Aider un enfant handicapé à progresser dans la vie relève de la bataille permanente, surtout quand on cherche son intégration. Pour ce qui est de mon fils Vincent, à l’école, ça a toujours été une bataille rien que pour faire ouvrir des classes au fur et à mesure qu’il avançait. Il a toujours été sur le front de vague, et qui dit pionnier dit bataille. Il faut qu’il y ait une mobilisation pour que les choses se passent mieux. Au-delà de la bataille pour mon fils, c’est aussi une bataille pour l’ensemble des enfants handicapés mentaux ou handicapés tout court. On doit fédérer, jouer collectif, sinon on n’avance pas. »
On est aussi bluffé par la maturité de Vincent qui fait montre d’une vraie détermination. Et c’est d’autant plus étonnant que le tournage du film a pris trois ans et que Vincent fait preuve d’une volonté qui ne connaît pas de faille malgré son passage à l’âge adulte. Il y a même la belle séquence où c’est lui qui vient consoler son père, victime d’un coup de blues et qui ne peut retenir ses larmes.
Le duo de réalisateurs a, en prime, dû essuyer des refus. Ainsi, le CFA (Centre de Formation par l’Apprentissage) n’a pas voulu les laisser tourner et ils ont dû trouver des façons astucieuses de nourrir leur récit sans ces apports de contenu. Pour autant, les nombreux témoignages, notamment celui du professeur de karaté de Vincent, montrent comment les adultes impliqués peuvent faire bouger les lignes et permettre à ce jeune trisomique de décrocher un job.
Ce combat d’un père et de son fils pour la différence est émouvant et tonique et il a toutes les qualités pour susciter une prise de conscience et secouer les indifférences.
