9 DOIGTS, de François-Jacques Ossang – 1h39
Avec Paul Hamy, Damien Bonnard, Pascal Greggory, Gaspard Ulliel
Sortie : mercredi 21 mars 2018
Mon avis : 2 sur 5
Le pitch ?
La nuit, dans une gare, un homme du nom de Magloire prend la fuite. Sans bagages et sans avenir. Comme il tombe sur un paquet d’argent, les ennuis commencent. Une bande est à ses trousses, dont il finit otage, puis complice. C’est la bande de Kurtz. Suite à un braquage raté, ils embarquent tous à bord d’un cargo dont le tonnage suspect est aussi volatile que mortifère. Rien ne se passe comme prévu – le poison et la folie gagnent le bord. Les hommes de Kurtz s’avèrent être les jouets d’une machination conduite par le mystérieux « 9 Doigts »…
Ce qui touche dans ce film ?
Sacré meilleur réalisateur au Festival de Locarno, François-Jacques Ossang signe ici un objet étrange, magnifié par une utilisation splendide du noir et blanc et le choix de la pellicule qui permet une image au fort contraste . Et, une fois encore, il est question d’eau, de voyage en forme d’errance et ce n’est pas pour rien que le chef de la bande se nomme Kurtz, comme le héros de Au cœur des ténèbres, de Joseph Conrad. Ossang souligne, évoquant les grandes difficultés qui ont marqué la production de ce film : « Alors, je me suis dit, si ce doit être le dernier, allons-y franco : faisons un film d’aventures maritimes ! Il faut dire que ce type de récit m’a toujours captivé, cela renvoie à des lectures d’enfance. » In fine, l’élément aqueux devient « le » personnage principal de cette errance maritime sur fond de quête métaphysique.
Dans cette quête épique, empreinte indéniablement de poésie, le film déroule cette étrange histoire sur les rives désertées des Açores dans des décors d’une austère beauté. « Je voulais découvrir cet endroit, qui m’évoquait une sonde métaphysique. C’est l’Atlantide de la légende. Et c’est le centre du monde, en tout cas de notre monde : c’est la rencontre des trois plaques continentales, africaine, européenne. »
Et dans le vaisseau où les personnages semblent isolés dans l’armature de fer en forme de vaisseau spatial, tous semblent voguer vers la fin de leur monde. Plus que l’histoire même, plus que des dialogues qui ne sont pas palpitants, c’est la beauté plastique de ce récit qui peut captiver le spectateur dans ce film d’un noir absolu. Mais, c’est aussi la limite d’un film qui ressemble, in fine, à un exercice de style parfois un peu vain.

