AVANT QUE NOUS DISPARAISSIONS, de Kiyoshi Kurosawa – 2h09
Avec Masami Nagaswa, Ryuhei Matsuda
Sortie : mercredi 14 mars 2018
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Alors que Narumi et son mari Shinji traversent une mauvaise passe, Shinji disparaît soudainement et revient quelques jours plus tard, complètement transformé. Il semble être devenu un homme différent, tendre et attentionné. Au même moment, une famille est brutalement assassinée et de curieux phénomènes se produisent en ville. Le journaliste Sakurai va mener l’enquête sur cette mystérieuse affaire.
Avant que nous disparaissions Teaser VO
Et alors ?
Il y a chez Kiyoshi Kurosawa une capacité à se jouer des registres et des genres. On se souvient de la
poésie de Vers l’autre rive en 2015 ou du thriller pervers de Creepy en 2017. Dans Avant que nous disparaissions, il brouille les pistes à loisir avec cette histoire complexe où des extraterrestres prennent une forme humaine pour voler les idées des terriens dès lors qu’elles sont énoncées… Une mince affaire !
Jouant sur les codes du fantastique mais aussi avec ceux du mélodrame, voire de la comédie sociale, Kiyoshi Kurosawa embarque le spectateur dans une description ironique de la société moderne, cachée derrière une vraie émotion. Et où une séquence émouvante peut surgir juste après une scène de mitraillage qui ne dépareillerait pas dans un film noir.Aussi habile dans les scènes « d’action » – l’ouverture gore du récit avec une agression sanglante et un accident de la route ou l’attaque par le drone par exemple – que dans les moments plus intimes – quand Narumi craque à sa table de dessin – Kiyoshi Kurosawa glisse, ici ou là, des prises de position personnelles comme lorsque sa caméra saisit un panneau de protestation qui rappelle que nombre de Japonais ne supportent plus la présence militaire étasunienne sur l’archipel. L’alien serait-il symboliquement aussi cet étranger colonisateur et donneur de leçon ? La question est ouverte mais pas tranchée, ce qui fait tout le sel de cette fantaisie cinématographique qui a tout pour dérouter un spectateur habitué à plus de réalisme et d’explications rationnelles…

