Scott Cooper a relevé du défi du western avec Hostiles, sur les écrans le 14 mars. Des aventures de cow-boys et d’indiens sur le difficile et – a priori imprévisible – chemin vers la paix.
Le scénario d’Hostiles, le film qui fut un grand absent des derniers Oscars, est l’histoire d’une chevauchée fantastique et inattendue… En 1892, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker, ancien héros de guerre devenu gardien de prison, est contraint d’escorter Yellow Hawk, chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres tribales. Peu après avoir pris la route, ils rencontrent Rosalee Quaid. Seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, la jeune femme traumatisée se joint à eux dans leur périple.
Façonnés par la souffrance, la violence et la mort, ils ont en eux d’infinies réserves de colère et de méfiance envers autrui. Sur le périlleux chemin qui va les conduire du Nouveau-Mexique jusqu’au Montana, les anciens ennemis vont devoir faire preuve de solidarité pour survivre à l’environnement et aux tribus comanches qu’ils rencontrent.
En revisitant les vieux mythes de l’Ouest après avoir récupéré le scénario du regretté Donald Stewart (l’auteur d’À la poursuite d’Octobre rouge, Missing, Jeux de guerre), Scott Cooper a voulu donner un second souffle au genre en offrant des résonances dans son récit avec la société actuelle. Explications : « J’ai toujours voulu réaliser un western mais je tenais à le faire à ma façon ; je voulais qu’il soit pertinent au regard des questions raciales et culturelles qui agitent actuellement l’Amérique. Nous sommes tous conscients des mauvais traitements qui ont été infligés aux Amérindiens, mais on peut voir le même schéma se reproduire aujourd’hui avec les Afro-Américains ou la communauté LGBTQ. Cette histoire soulève des problèmes universels. »
C’est d’autant plus sensible que Cooper a préparé le tournage au moment des émeutes de Ferguson, causée par le meurtre d’une jeune noir par un policier blanc en 2014. Pas étonnant alors que son film soit un écho au « fossé racial et culturel » qui perdure toujours dans l’Amérique moderne.
Ami du cinéaste, et interprétant le personnage principal de cette chevauchée, Christian Bale a été surpris la modernité du scénario et le dit : « Ces évènements auraient pu se produire à n’importe quelle période de l’histoire américaine. Fort Berringer est pour moi une sorte d’Abou Ghraib où les conditions de détention sont inhumaines et où les geôliers sont de simples soldats qui n’ont reçu aucune formation de gardiens de prison. » Face à lui, Rosamund Pike joue avec brio cette pionnière traumatisée par le massacre de sa famille.
Pour se glisser dans les traces d’un John Ford et d’un Clint Eastwood, Cooper a vu les choses en grand et tourné en décors naturels au Nouveau-Mexique et dans le Colorado, des lieux qui sont, à ses yeux, source d’inspiration. Il souligne : « C’est un vrai fantasme de cinéaste de pouvoir jongler entre la lumière brûlante dans les canyons et celle plus nostalgique du soleil couchant. Mais les changements d’altitude, la gestion des chevaux et les pluies qui ont viré à la mousson se sont révélés éprouvants. Cela a mis les acteurs dans l’ambiance! » Et pour être encore plus juste, une part significative des dialogues du film est dite dans la langue des Cheyennes du Nord, un dialecte rarement entendu.
Avec Hostiles, le western revit ainsi sous des couleurs nouvelles. Qui pourrait s’en plaindre ?


