CÉSARS 2018 : AUX COULEURS DES FEMMES

Avec Manu Payet en maître de cérémonie, les Césars sont diffusés ce soir en direct et en clair sur Canal +. Une compétition ouverte mais avec des vrais favoris. Avec, cette année, un engagement pour défendre les victimes d’agressions sexuelles.

« Faut pas que je m’amuse trop, je suis meilleur quand je suis sérieux», a prévenu Manu Payet dont on connaît la propension aux délires. Le ton est déjà donné avec le teaser de la soirée où le comédien parodie Basique, d’Orelsan.

Les Césars 2018 seront en tout cas marqués par deux éléments. D’abord et avant tout, l’engagement de nombreuses personnalités du cinéma français pour mettre leur célébrité au service de la cause d’agressions sexuelles. Dans l’appel publié dans Libération en début de semaine, elles lancent pour soutenir la Fondation des femmes qui récolte des subsides auprès des institutions privées et des particuliers pour les répartir aux associations défendant les femmes : « Maintenant, on agit. Nous sommes différentes mais avons une même envie d’agir. Nous voulons créer un présent plus doux pour celles qui souffrent aujourd’hui, et un avenir apaisé pour nos filles et nos fils. Les femmes victimes de violences méritent que les associations qui les accompagnent aient les moyens de le faire dignement. Nous sommes inquiètes : mal accompagnées, les femmes sont vulnérables face à la justice. Il est temps d’agir. Ensemble, soutenons celles et ceux qui œuvrent concrètement pour qu’aucune n’ait plus jamais à dire #MeToo. Donnons. » En signe de solidarité, les participants à la cérémonie pourront arborer, en signe de solidarité, un ruban blanc (petit frère du rouge, du combat contre le sida). Pour ces femmes du cinéma, cette campagne est aussi une manière de sortir du monde clos du 7ème art. Ainsi Emmanuelle Devos  souligne : « Le pire, c’est que l’on ne sait pas ce qui se passe dans les milieux moins visibles que le cinéma. Comment sont les relations hommes-femmes dans le supermarché en bas de chez moi ? A-t-on le droit de mal parler à un employé ? Non. C’est tout un rapport au pouvoir qui va changer. J’ai hâte de voir l’après. Cela va partir des femmes et aller bien au-délà. »

Ensuite, l’hommage aux disparus de l’année – et ils sont nombreux – va marquer ces Césars 2018. D’abord Jeanne Moreau, célébrée comme il se doit par les Césars 2018, mais aussi Jean Rochefort, Mireille Darc, Claude Rich, Jacques Lassalle… De quoi provoquer quelques moments de vraies émotions.

Pour la compétition, deux films font figure de grands favoris : 120 battements par minute, de Robin Campillo, ou le prix de l’émotion pour ce retour sur les combats d’Act Up, et Au revoir là-haut, d’Albert Dupontel, remarquable adaptation du roman de Pierre Lemaître. Mais si Nahuel Perez Biscayart décroche un César du meilleur acteur, largement mérité, ce sera original car il figure au générique des deux films concurrents. Enfin, il reste aussi en embuscade Le sens de la fête, avec, en premier de cordée, Jean-Pierre Bacri en pleine forme. Mais la messe sera dite dans quelques heures avec une soirée qui comptera son lot de discours qui n’en finissent pas et de pleurs plus ou moins contenus.

Petite nouveauté de la soirée : un César du public qui récompensera les films ayant fait le plus d’entrées parmi ceux qui sont sortis en 2017. Dany Boon aurait-il donc pour la première fois les honneurs de l’Académie avec Raid Dingue qui a cumulé 4,5 millions d’entrées ? Une chose est sûre : ce type de prix semble être un peu un lot de consolation alors qu’un film peut faire peu d’entrées mais marquer un tournant pour le cinéma et la création. La sanction du grand public n’est pas forcément un gage de qualité mais il fallait sans doute ce clin d’œil commercial pour satisfaire l’industrie du cinéma.

Pour le reste, comme le dit la formule consacrée, que le meilleur gagne…

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