LES GARÇONS SAUVAGES, de Bertrand Mandico – 1h50
Avec Pauline Lorillard, Vimala Pons, Diane Rouxel, Elina Löwensohn, Nathalie Ricard
Sortie : mercredi 28 février 2018
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Début du vingtième siècle, cinq adolescents de bonne famille épris de liberté commettent un crime sauvage. Ils sont repris en main par le Capitaine, le temps d’une croisière répressive sur un voilier. Les garçons se mutinent. Ils échouent sur une île sauvage où se mêlent plaisir et végétation luxuriante. La métamorphose peut commencer…
Et alors ?
Pour un étrange objet, ce film est un étrange objet fantastique ! Bertrand Mandico signe ici un film violent et érotique dont le titre est inspiré du roman de William S. Burroughs. « C’est un titre qui me hante, dit le cinéaste. Certaines séquences du roman ont été des déclics, comme les scènes des jeunes garçons faisant l’amour avec une masse végétale hypersexuée. Mais ce n’est pas du tout une adaptation, plus une rêverie sur un titre. »
Racontant le parcours de ces adolescents auteurs d’un crime minable – la scène d’ouverture avec Nathalie Ricard est très marquante et prenante – le cinéaste nous embarque dans un rêve en forme de cauchemar dans cette île de tous les plaisirs mais aussi de tous les dangers.Empruntant à bien des films – de L’Île du docteur Moreau aux films d’Herzog – Bertrand Mandico signe un objet visuel aussi violent que poétique avec le choix d’un noir et blanc classieux, ponctué d’irruptions de couleur. « C’est le principe de la couleur « racoleuse » pour marquer le spectateur à des moments clefs du récit »
Côté casting, le choix des actrices est tout à fait judicieux et on découvre une Vimala Pons méconnaissable dans le rôle de ce chef de bande aussi violent que cruel. Quant à Elina Löwensohn, elle apporte une touche décalée et mystérieuse au cœur de ce récit sauvage et esthétiquement très beau. Et dans la peau du docteur Séverin, elle offre un plaidoyer ambiguë pour une féminisation du monde, eu égard à l’attitude des femmes dans ce récit.
Enfin, Bertrand Mandico offre dans ce nouvel opus une bande originale qui a de la gueule et colle parfaitement à ce récit fantastique avec des mélodies signées Pierre Desprats, le groupe Scorpion Violente, sans oublier des chansons des années 80. Propos du cinéaste : « J’avais besoin de trouver un souffle adolescent, incandescent…. le résultat est totalement cohérent pour moi, pas du tout anachronique. »
Certes, le film est déroutant en diable mais il a le mérite de sortir vraiment des sentiers battus.

