IRAN : UN ACCIDENT QUI PÈSE LOURD !

CAS DE CONSCIENCE, de Vahid Jalilvand – 1h44

Avec Navid Mohammadzadeh, Amir Agha’ee, Hediyeh Tehrani

Sortie : mercredi 21 février 2018

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Un soir, seul au volant, le docteur Nariman tente d’éviter un chauffard et renverse une famille en scooter. Il les dédommage pour les dégâts matériels et insiste pour qu’Amir, leur enfant de 8 ans légèrement blessé, soit conduit à l’hôpital. Deux jours plus tard, à l’institut médico-légal où il travaille, Nariman s’étonne de revoir la famille, venue veiller le corps sans vie d’Amir. Le rapport d’autopsie conclut à une intoxication alimentaire. Mais Nariman a du mal à accepter cette version officielle qui pourtant l’innocente.

Pourquoi aller voir ce film ?

Voilà un film qui est né d’errances entre un hôpital et un cimetière en Iran ! En effet, Vahid Jalilvand et son co-scénariste Ali Zarnegar se sont inspirés des rencontres faites sur le terrain pour nourrir leur histoire. Vahid Jalilvand  confie : « Un jour nous parlions avec un docteur, un autre jour avec un fossoyeur, on les a observés dans leur travail, on passait du temps avec eux. Mais nous ne savions toujours pas ce que nous allions raconter, on voulait simplement retranscrire ce sentiment de souffrance. Il nous a fallu seize mois avant de finaliser l’histoire du film. »

Avec, en toile de fond un Iran où la misère pousse à bien des extrémités, ce récit austère et fort montre à quel point la société iranienne est déchirée, à quel point les fautes commises sont le résultat d’un pays qui se délite et d’un régime autoritaire et religieux. Et si au début, le docteur Nariman refuse de voir la vérité en face, il accepte petit à petit de l’affronter, même si elle peut le conduire à sa perte.Et Vahid Jalilvand d’ajouter : « Une société basée sur des obligations et des interdictions et non sur la conscience et la dignité, se cache derrière ses règles dans les moments critiques. Les lois sont inefficaces et même dangereuses si la dignité humaine n’y est pas respectée. »

Ce qui fait la force de ce drame, c’est que tous les personnages ont des raisons, y compris les coupables, d’agir comme ils le font et le réalisateur iranien ne porte jamais un jugement sur eux, ce qui donne encore plus de force à cette peinture réaliste de la société en Iran.

Enfin, le casting du film est un petit miracle d’équilibre avec des comédiens dont le jeu se complète à merveille. En père déchiré et coupable, Navid Mohammadzadeh fait une composition remarquable qui lui a valu le prix du Meilleur acteur de la sélection Orizzonti au Festival de Venise. Face à lui Amir Aghaee parvient parfaitement à transmettre les tourments que ressent le docteur Nariman. Qunat à Hedieh Tehrani (déjà remarquée dans la Fête du feu, d’Asghar Farhadi en 2006), elle incarne une de ces femmes iraniennes dont le courage force le respect.

Une histoire sensible et forte qui a permis à Vahid Jalilvand d’être primé comme réalisateur à la dernière Mostra de Venise. Une récompense amplement méritée.

 

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