VIVIR Y OTRAS FICCIONES, DE Jo Sol – 1h25
Avec Antonio Centeno, Pepe Rovira, Arántzazu
Sortie : mercredi 7 février 2018
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Antonio est écrivain. Il est tétraplégique aussi. Pour lui, jouir d’une sexualité épanouie est un choix vital, voire politique. Tout le monde devrait y avoir accès mais personne ne veut s’en mêler. Mais c’est un activiste. Entre l’hostilité de son aide soignante, l’enthousiasme d’une prostituée militante et la perplexité de son assistant de vie, Antonio met en place un lieu d’assistance sexuelle chez lui. Pepe, sorti de l’hôpital psychiatrique, rencontre Antonio. La relation qu’il tisse avec lui va définitivement bouleverser son regard sur la vie.
Pourquoi ce film nous touche ?
C’est un film espagnol Ovni qui n’a pas bénéficié d’un soutien et qui ose évoquer un tabou de la société : la sexualité des handicapés. Paradoxalement pour Antonio, le corps devient un moyen de résister et Jo Sol donne la parole à des personnes que l’on laisse d’ordinaire subir leur marginalité. Et Jo Sol le fait en signant une œuvre qui est à la frontière du documentaire et de la fiction. Il souligne : « Je ne crois pas aux frontières. Pour moi, il est difficile d’établir s’il s’agira d’un documentaire ou d’un film de fiction lorsque je suis à la recherche de la vérité. Mon objectif est de bousculer la réalité, de l’attaquer, mais je ne sais pas comment m’y prendre a priori. J’ai une histoire à raconter et cette histoire a quelque chose de réel, les faits se sont réellement produits dans la vie de ces personnes. »
Et même dans les scènes qui pourraient être scabreuses avec d’autres – celles avec les prostitués notamment – il parvient à filmer d’une manière très pudique. En montrant les corps dans leur intimité, il montre ainsi comment ces corps abîmés ont encore envie de vivre, de recevoir et de donner. Et de vivre cette révolution du corps.
Si le film peut déranger, Jo Sol parvient à éviter au ton compassionnel ou au propos militant un peu attendu. De l’handicapé à l’aliéné, Vivir y otras ficciones a le mérite d’aborder ce thème avec une grande originalité. Avec, en parallèle du parcours d’Antonio, une évocation inattendue du monde du flamenco.
