UN PREMIER FILM ET UN CHOC

Sur les écrans le 7 février, Jusqu’à la garde est le premier film de Xavier Legrand. Un thriller sur les violences conjugales.

Récupérer un Lion d’argent de la mise en scène à la Mostra de Venise, après avoir récupéré le Lion du futur de la première œuvre, ce n’est pas banal surtout pour un cinéaste débutant. C’est ce qui est pourtant arrivé à Xavier Legrand, 38 ans, qui a d’abord mené une carrière de comédien au théâtre, interprétant de Shakespeare à Lagarce en passant par Pinter.

En passant derrière la caméra – et ce après avoir réalisé un court métrage (Avant que de tout perdre)-  il a opté pour un sujet sombre. Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.  Un  tel sujet prend une résonance particulière dans le contexte actuel où les violences faites aux femmes sont au cœur de l’actualité. Xavier Legrand ajoute : « La peur est à l’origine de Jusqu’à La Garde. La peur que suscite un homme prêt à tout pour retrouver la femme qui veut se séparer de lui et fuir son extrême violence. Le personnage d’Antoine, interprété par Denis Ménochet, est une menace permanente pour ses proches. Il met son entourage sous tension, il n’entend que sa douleur, il est prêt à manipuler quiconque, y compris ses enfants. Les femmes qui ont subi des violences conjugales, comme celle jouée par Léa Drucker, sont tout le temps en alerte, elles savent que le danger peut surgir de n’importe où, n’importe quand, et n’épargner personne. »

Ayant nourri son scénario de séances de groupes de paroles d’hommes violents, de nuits passés à Police Secours, il a conçu son film comme un thriller. « Installer mon film dans cette ambiance me permettait d’éviter le documentaire ou le drame social. »

Dans la peau de cette femme, contrainte d’accepter une garde alternée avec son ex-mari (Denis Ménochet), Léa Drucker trouve dans ce personnage un rôle fort qui l’a marquée. Elle dit : « J’essaie de quitter mes personnages rapidement… Lorsque je suis sur un plateau, je suis à fond, et lorsque le tournage se termine, je reprends ma vraie vie. Mais le rôle de Miriam m’a habitée plus longtemps que je ne l’avais prévu. Avec le recul, je me dis que c’est normal. J’ai mis un certain temps à m’en remettre. Mais ce n’était pas une souffrance. Plutôt une expérience qui m’a plus bouleversée que ce que je l’aurais imaginé. »

Pour Xavier Legrand, le succès critique de ce premier film ne l’a pas détourné de sa première passion : dès le 8 février, il sera  sur scène à Amiens (et puis en tournée) dans Mademoiselle Julie, de Strindberg au côté d’Anna Mouglalis. Ce qui lui laissera, sûrement, le temps dans la journée de réfléchir à son prochain scénario.

 

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