L’HOMME ET LE CHEVAL

CENTAURE, de Aktan Arym Kubat – 1h30

Avec Aktan Arym Kubat, Taalaïkan Abazova, Bolot Tentimyshov

Sortie : mercredi 31 janvier 2018

À mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Dans un village au Kirghizistan. Centaure, autrefois voleur de chevaux, mène désormais une vie paisible et aime conter à son fils les légendes du temps passé, où les chevaux et les hommes ne faisaient plus qu’un. Mais un jour, un mystérieux vol de cheval a lieu et tout accuse Centaure…

2 raisons d’y aller ?

Un hymne au cinéma et à la liberté. Surnommé « Le Centaure », l’ancien projectionniste devenu marginal dans la société kirghize symbolise bien un homme pétri de liberté, y compris dans sa vie privée comme le montre la relation amicale qu’il entretient, malgré les rumeurs de ses voisins, avec une marchande ambulante.

Dans ce coin perdu d’Asie, ce récit apparaît comme une vision critique sur un pays en pleine mutation entre dérives capitalistes (incarnées par le riche propriétaire du cheval) et montée d’un intégrisme le plus caricatural qui soit. Un pays où il faut une grande conscience aux habitants pour tenter de préserver les traditions ancestrales. Aktan Arym Kuba souligne : « Rien de ce qui est dans ce film n’est inventé : c’est exactement ce qui se passe dans notre pays. d’autant plus que, compte tenu de sa petite taille, ce pays est soumis aux influences extérieures : avant, c’était le système soviétique ; aujourd’hui, les événements mondiaux s’y reflètent. la répartition des biens est douloureuse, et je pense que l’absence de culture, dans le sens le plus général de ce terme, en est la cause : la politique se fait sans la culture, les hommes d’affaires sont incultes, l’État, la gestion, tout cela est aujourd’hui en dehors du champ culturel. Or je pense que toute nation, tout peuple, tout homme est attiré par ses racines. Peut-être qu’un simple être humain n’est pas capable de l’exprimer, mais l’artiste le fait pour lui.« 

Un casting solide au service d’une mise en scène qui a du souffle. Outre l’indéniable qualité des images – il y a un vrai travail sur la photographie dont les couleurs confèrent au récit une indéniable poésie – le film offre quelques séquences fortes, notamment le très ingénieux moment où le projectionniste retrouve son métier d’antan en projetant un film au milieu d’une mosquée. Un superbe pied de nez à tous les intégrismes et qui prouve que l’art est une arme au service de l’intelligence.

Et puis, le jeu des comédiens, tout en nuances, confère à ce récit une grande authenticité. Ainsi la séance autour d’une tasse de thé entre le centaure et la marchande exprime sensualité et finesse. Et l’idée de son épouse muette offre aussi d’autres pistes au cinéaste pour exprimer le jeu des sentiments.

Une vraie œuvre originale par le réalisateur du Voleur de lumière.

Laisser un commentaire