LA FOLLE COLÈRE D’UN OUVRIER

 

NON, de Eñaut Castagnet et Ximun Fuchs – 1h42

Avec la troupe du Petit Théâtre de Pain et 500 habitants de Capdenac-Gare.

Sortie : mercredi 31 janvier 2018

À mon avis  : 3 sur 5

Le pitch ?

Durant la réforme du Code du travail de 2016 en France, l’usine Radial ferme après un mouvement de grève long et harassant. Jeansé, Juliette, Bruno, Christine et Pierre se retrouvent pour “fêter” entre amis leur prime de licenciement. En rentrant chez lui, Bruno refuse violemment de se soumettre à un contrôle de gendarmerie.

Ce qui touche dans ce film  ?

Avec les aventures de Bruno dans cette petite ville anonyme du sud ouest,  le spectateur plonge dans un polar aux allures de comédie sociale où les protagonistes se révoltent pour conserver un brin de dignité. Il y a une atmosphère joyeusement anar dans ce récit rabelaisien où tous les coups sont permis et où les forces de l’ordre ne sont pas toujours décrites sous leur meilleur jour entre problèmes conjugaux et petit penchant pour la bibine. Il s’agit surtout dans ce film de montrer comment les crises sociales provoquent des blessures indélébiles dans des régions délaissées.

Eñaut Castagnet et Ximun Fuchs soulignent :  « Cousins et amis d’enfance, nous sommes issus d’une famille d’ouvriers. On se souvient de nos oncles, du grand-père, nos héros d’enfance. Des ouvriers, des grandes gueules qui parlent fort, avec un langage bourré d’images. Ils ont cette capacité de changer de registre selon l’auditoire ou le contexte, un sens du raccourci quasi poétique qui rend très théâtrale n’importe quelle situation. Une histoire qui pourrait être quotidienne, grisâtre, devient drôle, effrayante et sujette à polémique. Un monde en couleurs vives, avec soupe, entrée, plat, fromage, dessert et pousse café. Il n’y a aucune nostalgie dans cette histoire. C’est davantage une aventure, un exutoire qu’un regret. »

Ce qui surprend dans ce film à la mise en scène un peu désordonnée parfois, c’est le ton des dialogues et l’esprit de troupe qui unit tous les comédiens qui se battent pour défendre ce récit sur une survie. Avec une atmosphère qui fait penser à l’univers d’un Jean-Pierre Mocky. Ayant reçu le prix du scénario au festival de San Sebastián, Non doit ce ton particulier à une immersion totale des acteurs et des réalisateurs dans la ville de Capdenac-Gare dans l’Aveyron dont les habitants se sont mis, de manière étonnante, au service du film. Les réalisateurs ajoutent : « Comment ? En racontant l’histoire, tout simplement, en faisant circuler le scénario, en montrant des bouts de répétitions filmées, en prenant les gens pour ce qu’ils sont. Des gens désireux, curieux, pertinents et intelligents. » 

Certes, le film est loin d’être parfait, mais il souffle dans ce récit un tonique esprit de révolte.

 

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