TÉLÉVISION- SÉRIE
B
ARON NOIR, d’Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon – 2 X 55 minutes
Avec Kad Merad, Anna Mouglalis, François Morel
Diffusion sur Canal +, les lundis à 21h00 à compter du 22 janvier.
Mon avis : 3 sur 4
Le pitch ?
Sorti de prison, Philippe Rickwaert continue de conseiller, mais dans l’ombre, la
candidate socialiste – et son ancienne maîtresse – Amélie Dorendeu. Si la candidate est largement favorite face au FN, elle doit déjà prévoir les alliances pour gagner les législatives.
Et alors ?
Imaginé avant l’élection d’Emmanuel Macron, la saison 2 de la série à succès propose des personnages qui ne sont pas sans ressemblance avec des figures politiques réelles. Une étonnante rencontre entre la fiction et la réalité avec la figure d’Amélie Dorendeu qui pourrait avoir des airs de Macron au féminin. Et qui s’illustre dans un débat face au candidat du Front national.
Tout le début de l’histoire est porté, haut la main, par un Kad Merad, remarquable dans la peau d’un conseiller de l’ombre qui veut revenir au premier plan et se remet, à sa sortie de prison, de tirer les ficelles dans l’ombre et de se venger de ceux qui ne l’ont pas soutenu ou mollement. Évoquant leur « sens » de l’actualité et leur capacité d’anticipation, Eric Benzekri souligne : « Nous consultons la presse tous les matins et en priorité les brèves dans lesquelles nous « lisons » en quelque sorte l’avenir. A l’heure actuelle, je me concentre sur le crise en Iran. Pour moi, le monde a basculé en 1979 avec la prise d’otages de la Grande Mosquée de la Mecque par des fondamentalistes islamistes.«
Si les amateurs de politique pourront facilement « reconnaître » tel politique dans tel personnage, les réalisateurs sont assez habiles pour dépasser la stricte copie de la réalité et densifier leur histoire. Et les politiques présentés dans la série sont de redoutables requins capables des coups bas les plus vicieux et d’offensives aussi violentes que spectaculaires.
Si Anna Mouglalis joue une présidente tout à fait crédible, oscillant entre charme vénéneux et sèche autorité, cette nouvelle saison permet aussi de découvrir un François Morel campant un certain Michel Vidal, patron de la gauche radicale. Autant dire qu’il est bien difficile de ne pas penser alors à un certain Jean-Luc Mélenchon. Au Journal du dimanche, François Morel souligne : « Je n’ai pas voulu imiter le président de la France insoumise, même si on retrouve dans mon personnage son côté hypercassant… Un article du Canard enchaîné affirmait d’ailleurs que je faisais de lui un « casse-couilles ». Non ! Le personnage est beaucoup plus ambigu. Il a même des côtés sympathiques et attachants, avec ses blessures intimes. »
Si certaines scènes pour décrire l’implosion du PS ralentissent parfois le cours de cette saison, la série est très efficace quand elle touche aux questions récentes de société : de la loi santé au débat sur le droit du travail en passant par la lutte contre le terrorisme. Et la psychologie des personnages échappe à toute représentation sommaire. Une saison au final assez captivante.
