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TÉLÉVISION

REVENANTES, documentaire de Marion Stalens – 80 minutes

Diffusion sur France 2, mardi 16 janvier 2018 à 23h15

À mon avis : 3 sur 4

Un documentaire sortant de l’ordinaire et de pensée commune braque le projecteur sur des femmes tentées par l’islamisme radical et qui en sont revenues. Des témoignages sensibles et qui font réfléchir.

Dans ce quinzième documentaire, Marion Stalens s’attache aux témoignages de jeunes femmes qui, un jour, ont dérapé. Des femmes parties rejoindre la Syrie, et d’autres qui ont failli, racontent leurs parcours, sans masquer la réalité. Certaines sont nées de familles musulmanes, d’autres non. Toutes ont adhéré un jour au système de pensée djihadiste et toutes en sont sorties. Devant la caméra, visage découvert ou non (le retour à la vie dite « normale » n’est pas sans danger), elles retracent les étapes de leur plongée dans la radicalisation. La cinéaste et photographe souligne : « J’ai choisi de mettre en lumière des femmes qui ont connu la bascule dans la radicalisation et qui en sont sorties. Pour nous tous, leur parcours représentent un espoir. Et cet espoir est une arme non négligeable contre une machine terroriste qui se nourrit de la peur et du désespoir.

Qui, mieux que ces femmes, qui ont traversé de l’intérieur l’expérience mortifère du djihadisme, pour en décrire les rouages, pour nous aider à le comprendre et à en combattre le pouvoir d’attraction ? J’ai aussi pensé qu’il fallait que les récits de femmes de retour de Syrie, soient complétés et mis en perspective par d’autres témoins, eux-mêmes impliqués directement d’une façon ou d’une autre. Avec eux, les angles de vue se multiplient sur un phénomène aux dimensions à la fois psychologiques, sociales, politiques, géopolitiques et religieuses… »

En fil rouge de ce récit multiple, il y a par exemple  une jeune femme belge, une trentenaire d’origine italienne, Laura Passoni (ci-contre) qui, un jour de juin 2014, a rallié l’état islamique avec son fils et son mari. Au fil des mois, elle n’a plus qu’une envie : fuir ce califat. Comme d’autres filles rencontrées dans ce documentaire, Laura a eu des raisons personnelles pour plonger dans cet islam radical. Mieux que les analyses des spécialistes de la radicalisation – tel Hicham Abdel Gawad, un professeur de religion islamique – ce sont ces témoignages directs, parfois étonnants de naïveté qui permettent de mesurer combien nombreux sont les chemins pour conduire à Raqqa et à adhérer à une idéologie obscurantiste.  Et comment les réseaux sociaux ont aussi partie liée à certaines radicalisations que la raison ne peut expliquer.

Crise sociale, marginalisation dans la société, manque de repères intellectuels : autant de raisons qui ont poussé ces jeunes femmes à tenter le pire. Et dont certaines analysent avec une étonnante lucidité ce parcours en enfer.

 

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