Après avoir surpris son monde avec son dernier disque, Charlotte Gainsbourg incarne la mère de Romain Gary, Mina, dans La Promesse de l’aube, qui sort le 20 décembre.
S’il fut une vie sortant de l’ordinaire, ce fut celle de Romain Gary. Et en adaptant La Promesse de
l’aube, en racontant le parcours du futur écrivain, de la Pologne des années 30 aux combats aériens de la Deuxième Guerre mondiale, Eric Barbier signe un beau travail d’adaptation de ce biopic sur Romain Gary, qui vécut mille vies grâce à l’amour fou que lui portait Nina, sa mère.
Il raconte : « A mes yeux Gary
était surtout un personnage romanesque, énigmatique, le mari de Jean Seberg et l’orchestrateur de cette formidable mystification littéraire qu’a été l’affaire Émile Ajar. Gary est double, triple, multiple. Ambassadeur, cinéaste, romancier se dissimulant souvent sous divers pseudonymes, il est Polonais, Russe, Français, un Juif dont la mère se précipite chez le pope au moindre souci et qui se décrit régulièrement comme oriental, quand ce n’est pas tatar… »
Face à Pierre Niney qui incarne le jeune Romain adulte, Charlotte Gainsbourg campe cette mère envahissante. Pour s’imprégner de la personnalité de cette femme, la comédienne a longuement scruté les photos de cette femme mais, comme il y avait peu d’images, elle s’est aussi inspirée de sa propre grand-mère. Elle souligne : « Très vite, j’ai fait un amalgame entre Nina, ce que je percevais d’elle et la mère de mon père. Par exemple son accent polonais que j’imaginais, je l’entendais comme un accent russe que j’avais bien connu… Ces deux femmes, d’à peu près la même génération, venaient du même monde, avaient la même culture. Elles se ressemblaient à mes yeux. Ma grand-mère était moins encombrante que Nina mais c’était quand même un personnage très fort. Il y avait quelque chose d’identique dans son rapport à mon père, c’est évident. Gary est LE fils, l’unique. Pour ma grand-mère, ce n’était pas le cas mais c’était presque pire : elle n’a eu que des filles, qu’elle considérait mal et son fils chéri. »
Pour la comédienne, ce tournage fut une vraie aventure – elle s’est notamment physiquement transformé, s’est immergé dans le polonais – tout en craignant aussi d’en faire trop. « J’avais peur d’être gonflante ! Mina est castratrice, omniprésente et folle. Il y a plusieurs scènes où elle embarrasse son fils : devant les militaires, sur la plage… L’amour qu’elle lui porte est démesuré – toxique d’une certaine manière. En même temps, il faut la comprendre, car elle fait aussi office de père. J’ai eu une telle tendresse pour cette femme… »
Un film qui a des atouts pour donner envie à certains de se replonger dans l’œuvre prolifique de Romain Gary.

