TOUT MAIS PAS ÇA ! de Edoardo Maria Falcone – 1h27
Avec Marco Giallini, Alessandro Gassman, Laura Morante
Sortie : mercredi 29 novembre 2017
À mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Tommaso, la cinquantaine, est un chirurgien reconnu. Avec son épouse Carla, ils ont élevé leurs enfants dans un esprit de laïcité. Or voilà qu’Andrea, son fils, annonce son intention de devenir prêtre. Tommaso est bien décidé à le « libérer » de son influence, coûte que coûte…
Et alors ?
Dès l’ouverture du film, on sent chez Edoardo Falcone peser l’héritage des comédies italiennes de la grande époque, tant il évoque sur le ton d’un humour parfois noir les dérives d’une société. « J’ai cherché une idée différente qui n’était pas une comédie romantique habituelle, ou même une comédie typique caricaturale, dit le cinéaste. L’idée initiale m’est venue en regardant autour de moi. Je connais plein de personnes qui se proclament ouvertes d’esprit, démocrates et éclairées mais qui en réalité sont complètement
incapables de se remettre en question, ce qui montre qu’elles incarnent le contraire de leurs idéaux. Tommaso est comme ça, un docteur présomptueux et arrogant qui voit sa vie et ses habitudes bouleversées lorsqu’il fait la rencontre d’un prêtre atypique, Don Pietro. »
Toute la première partie, Marco Giallini campe à la perfection ce toubib autoritaire et sûr de lui, qui gère sa vie comme si les autres ne devaient que lui obéir. Si on évoque sa réussite à la fin d’une délicate opération cardiaque, il se contente de dire : « J’ai du talent« . Et il se montre carrément odieux quand il fait face à une infirmière qu’il trouve trop lente et trop grosse. Et que dire des saillies verbales qu’il lance à l’adresse de sa fille et de son gendre, qu’il juge pas vraiment « finie ». Et, quand il s’agit de prouver que ce curé est un imposteur, l’homme est prêt à toutes les ruses, ce qui procure une scène assez drôle où il s’invente une famille minable qui aurait pu figurer dans Affreux, sales et méchants.Toute cette partie est rondement menée et la critique sociale fonctionne parfaitement à travers un dialogue qui fait mouche entre le personnage campé par Marco Giallini et ce prêtre loubard, joué avec conviction par Alessandro Gassman. Quant à Laura Morante, capable avec la grâce que l’on connaît de
jouer sur bien des registres, elle parvient à exprimer toutes les fêlures de cette grande bourgeoise en mal de séduction.
Là où le film se met à patiner un brin, c ‘est la dernière partie où la critique sociale perd de son alacrité et où l’histoire devient un brin trop sentimentale. Comme si Dieu avait donné la foi au vieux chirurgien mécréant. Subsiste alors la morale véhiculée par ce prêtre qu’Alessandro Gassman définit en ces termes : « Je suis un prêtre assez spécial qui essaie d’aider les gens tous les jours. Il conduit une Vespa, va dans la maison des gens et leur parle normalement. Pour la faire courte, je joue le rôle d’un prêtre aidant, consolant, et qui pousse les gens à résoudre leurs problèmes, en essayant de leur faire comprendre que Dieu les aime tous, mais qu’avant de l’aimer, il faut s’aimer soi-même. » Et alors, le côté caustique disparaît et la bonne vieille comédie à l’italienne perd un peu de brillant. Une petite déception nous guette donc dans la dernière partie.

