Soixante-cinq ans de carrière, dont vingt-six à la Comédie-Française : le grand comédien Robert Hirsch n’est plus. Il aura servi le théâtre jusqu’au bout.
Il avait un talent burlesque et des qualités physiques indéniables, il savait occuper la scène à un rythme d’enfer : c’est une banale chute chez lui qui a précipité la fin de Robert Hirsch qui était depuis deux jours à l’hôpital avant que son cœur ne cesse définitivement de battre et de se dévouer aux plus grands répertoires. Rideau ! Chapeau l’artiste !
Robert Hirsch, c’était toute une vie consacrée au théâtre. Entré à la Comédie-Française dès sa sortie du conservatoire, sociétaire de 1952 à 1974, l’acteur a marqué de son jeu un large répertoire qui allait de La Double Inconstance, de Marivaux (1950) au héros des Fourberies de Scapin ou au Bouzin du Fil à la patte, de Feydeau (1961) dans les mises en scène déjantées de Jacques Charon. L’homme avait le sens du rythme et de la réplique et un corps taillé pour les marathons scéniques.
Durant sa longue carrière, il a été quatre fois distingué par l’académie des Molières. En 1992, il avait reçu le Molière du meilleur comédien dans un second rôle pour pour son interprétation d’Oronte dans Le Misanthrope, de Molière, mis en scène par Francis Huster, au Théâtre Marigny. Et la même année, l’Académie remit un Molière d’honneur à ce fidèle serviteur des planches qui disait avoir le théâtre pour « religion« .
Capable de passer avec le même entrain du burlesque au tragique, Robert Hirsch avait joué son dernier
rôle sur les planches avec Avant de s’envoler, spécialement concocté pour lui par Florian Zeller : l’histoire d’un vieil homme qui n’a plus tout à fait prise sur la réalité. En guise d’hommage au maestro, Francis Huster a déclaré : «Comme Chaplin, il était un danseur et un acteur de génie, c’était une flamme, il incendiait la scène et brûlait les planches. »
Une disparition de plus dans une année marquée par le décès de comédiens remarquables, de Jeanne Moreau à Jean Rochefort. Le producteur de ses pièces et ami, Francis Nani, directeur du théâtre du Palais-Royal, celui qui a annoncé la disparition de Robert Hirsch, a raconté : « Il disait toujours : « Qu’on ne me dise jamais que je ne pourrai plus jouer ». Il était mal mais dès qu’il était sur scène on ne voyait plus rien ».
Si l’appellation de « monstre sacrée du théâtre ou du cinéma » est parfois galvaudée, elle s’applique parfaitement à Robert Hirsch.
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