LA « NORMALITÉ » DE LA TRISOMIE

L’ÉCOLE DE LA VIE, de Maite Alberdi – 1h22

Documentaire

Sortie : mercredi 15 novembre 2017

À mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Chili. Anita, Rita, Ricardo et Andrès forment une bande de copains trisomiques qui partage les bancs de la même école depuis 40 ans. Mais ils aspirent à une autre vie. Ils voudraient juste pouvoir faire comme tout le monde : être autonome, gagner de l’argent, se marier, fonder une famille. Bref, qu’à plus de 50 ans, on ne les considère enfin plus comme des enfants ! Mais est-ce que l’école de la vie leur permettra de réaliser leurs rêves ?

Ce qui touche dans ce doc ?

Il aurait été facile de signer un film larmoyant et ennuyeux en tournant un doc sur des adultes atteints de Trisomie 21, une maladie génétique. Le tour de force de Maite Alberti, c’est de faire un documentaire tonique  où les dialogues ont parfois l’air d’avoir été conçu pour une fiction, tant ils sonnent justes. Et pourtant, elle s’est lancé dans un pari difficile : celui de suivre le quotidien de ces adultes qui désormais parviennent à vieillir. Il est vrai, en vingt ans, leur espérance de vie est passée de 30 à 60 ans . Commentaires de la cinéaste :  « J’ai passé toute ma vie au contact d’une tante qui avait le syndrome de Down (ndlr : Trisomie 21). Ma grand-mère vivait dans l’angoisse de sa mort (…). La société n’était pas préparée à voir cette génération devenir adulte. L’idée de mon film vient de là. »

Film subtilement politique, ce documentaire montre bien la frustration des personnages malgré l’encadrement chaleureux de cette école culinaire dont la réalisatrice tient à  préciser : « L’établissement où j’ai posé ma caméra est privé. Il n’y a pas d’équivalent au Chili, ni en Amérique latine. Dans le cas présent, il s’agit d’une école payée par les familles. Elle fonctionne en journée et le soir, les élèves rentrent chez eux. »

On mesure à quel point la société a peu progressé sur le sujet quand on voit l’enthousiasme de ses adultes qui rêvent de mener une vie normale, d’avoir leur maison alors même qu’il touche un salaire dérisoire montrant le peu de chance de voir se réaliser leur rêve. Et pourtant, avec une pudeur infinie, la caméra montre comment les relations amoureuses se tissent, comment les disputes naissent pour un petit geste déplacé, comment cette société différente ressemble à celle que l’on qualifie de « normale ». Et l’on ressent même le machisme du monde latino-américain dans la séquence où Andres, allongé sur le lit, commente le travail des deux femmes qui s’affairent à quelques pas de lui.

C’est émouvant, parfois drôle, original et jamais ennuyeux même si, sur le plan cinématographique, la réalisation n’a rien de bouleversant.

 

 

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