Jean Rochefort est mort comme il a vécu. Il a tiré sa révérence dans la nuit de dimanche à lundi dans un hôpital parisien où il avait été admis en août. Le dernier tour de piste d’un comédien de 87 ans qui avait commencé sa carrière dans les années 1950.
Jean Rochefort, c’était un bon candidat pour les médias tant il savait se glisser – sans se perdre – dans bien des atmosphères, se moquant des autres, et parfois de lui-même, avec un art consommé du non-sens. L’homme avait un côté british, élégant et distingué. Voix grave et chaude, Rochefort avait le physique de bien des emplois et a glissé sa silhouette dégingandée dans près de 150 films, des films populaires ou d’auteurs.
Cette longue carrière lui avait permis de récupérer trois Césars : l’un pour Que la fête commence, en 1976; l’autre pour l’émouvant personnage de pacha dans Le Crabe-Tambour, en 1978, et enfin, un César d’honneur en 1999.
Rochefort en images
Que la fête commence
Le Crabe-Tambour
C’est l’ami Belmondo, l’ex-condisciple des cours de théâtre, qui l’avait imposé aux producteurs de Cartouche en 1961. Et de second rôle en second rôle – on se souvient même de lui dans la série des Angélique, de Bernard Borderie – Jean Rochefort est devenu un des incontournables du grand écran, aussi à l’aise dans les comédies d’Yves Robert – Salut l’artiste, en 1973 (notamment) – que dans des
films plus « étranges » et originaux, tel Le Fantôme de la liberté, de Luis Buñuel, en 1974 ou encore Prêt-à-porter, de Robert Altman, en 1994.
En 2013, il avait publié une autobiographie un peu bancale, mais où l’homme gardait toute son élégance, Ce genre de choses (*) où il écrivait notamment : « Longtemps j’ai joué avec les mots des autres. J’ai voulu jouer avec les miens et puis tardivement, j’ai constaté que mes mots les uns derrière les autres racontaient des histoires. Alors pourquoi pas ? » Évoquant la mort, il disait encore : « La peur de la mort, ça c’est pas marrant. Je ne voudrais pas claquer tout de suite parce que j’ai encore plein de choses à faire. »
Jean Rochefort ou l’élégance. Mots de fin provisoire à un scénariste de renom , l’écrivain Jean-Loup Dabadie : « Il n’est pas crédible dans le rôle de mort…. Jean c’était la classe, un homme élégant dans sa façon de jouer, d’être, de rire avec vous, de rêver avec vous. C’était un homme qui mettait le monde à distance. S’il montait à cheval, c’était pour prendre de la hauteur. »
(*) Ed. Le Livre de Poche
Rochefort en images
Le Fantôme de la liberté
L’Artiste et son modèle
