TÉHÉRAN TABOU, d’Ali Soozandeh – 1h36
Avec Elmira Rafizadeh, Zahra Amir Ebrahimi
Sortie : mercredi 4 octobre 2017
À mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Téhéran : une société schizophrène dans laquelle le sexe, la corruption, la prostitution et la drogue coexistent avec les interdits religieux. Dans cette métropole grouillante, trois femmes de caractère et un jeune musicien tentent de s’émanciper en brisant les tabous.
2 raisons d’aller voir ce film ?
L’Iran sans hypocrisie. Avec un tel film, tourner à Téhéran relevait de la mission impossible. Ali Soozandeh s’est donc servi de sa spécialité – l’animation – pour tourner ce film en forme de description de la vie quotidienne en Iran où, malgré tous les interdits, certains s’émancipent du joug religieux. Commentaires du cinéaste : « J’ai vu des films tournés au Maroc ou en Jordanie censés représenter l’Iran, mais je n’ai pas trouvé ça convaincant. J’ai choisi la rotoscopie car, dans l’animation, c’est le procédé qui apporte le plus de réalisme aux personnages ». La rotoscopie est une trouvaille pour un tel défi : de fait, ce procédé consiste à tourner sur fond vert avec les acteurs, après avoir élaboré un storyboard. Et après ce travail en studio avec des acteurs en chair et en os, le réalisateur passé à une autre étape comme il le raconte : ‘Puis, il faut créer des images provisoires pour les arrière-plans. Ensuite, une fois le montage terminé, on passe à l’animation. On crée les arrière-plans définitifs c’est à dire, une combinaison d’éléments 3D et de dessins, puis les personnages, qui sont dessinés séparément. Enfin, on combine tous ces éléments pour composer l’image finale. Pour ce film, ce travail a duré 13 mois et avec une équipe de plus de 40 artistes. »
Une animation engagée. Avec des très belles images, et en s’inspirant de témoignages entendus à Téhéran, le réalisateur signe un récit très fort avec le portrait de cette mère prostituée qui se fait accompagner de son gamin quand elle « travaille ». De cette manière, il montre sans détour comment en Iran, la population derrière une austérité de façade contourne quotidiennement les interdits et comment les religieux qui jouent les gardiens de la moralité sont souvent très corrompus et s’adonnent aussi aux plaisirs dits interdits. Et que dire aussi de la vie d’artistes condamnés à bricoler pour survivre ?
Entre tragédie et comédie, ce film d’animation splendide lève ainsi bien des tabous sur une société qui échappe, à sa manière, à une dictature morale venue d’un autre temps. C’est fort et sans aucun pathos.




