GISELE CASADESUS : 1914-2017

Doyenne du cinéma français, Gisèle Casadesus, 103 ans, vient de disparaître. Une femme qui a su mener de pair  vie de famille et  vie d’artiste.

 « La grande actrice Gisèle Casadesus, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, entourée de l’amour de ses proches, s’est éteinte paisiblement ce 24 septembre en son domicile parisien » : c’est ainsi que son fils, Jean-Claude Casadesus, le célèbre chef d’orchestre, a annoncé la disparition de la doyenne du cinéma français qui fut la 400e sociétaire de Molière : elle était entrée à la Comédie-Française à 20 ans en 1934 et y resta  jusqu’en 1962. Elle en devint sociétaire en 1939 après notamment sa participation à la création d’« Asmodée » de Mauriac (rôle d’Emmanuelle) de « Madame Quinze » de Jean Sarment (rôle de Mme de Céran).

Son départ du Français ne l’éloigna pas des planches et Gisèle Casadesus a joué sur toutes les scènes en mettant sa voix si reconnaissable au service du répertoire d’ Anouilh, Ionesco, Roussin, Beckett, Duras et enfin Pirandello lors de la saison 2002-2003, ce qui lui valut un mérité Molière d’honneur.

Au cinéma, elle avait donné la réplique à des comédiens de sa trempe : les Fresnay, Raimu, Gabin…  Si elle ne montait plus sur les planches, la comédienne restait fidèle à la caméra. En 2010,  dans La Tête en friche, de Jean Becker, elle campait avec une grâce infinie une ancienne chercheuse en agronomie, qui a voyagé dans le monde entier et qui a passé sa vie à lire, initiant un homme presque analphabète (Gérard Depardieu) aux joies de la lecture. A l’époque, Depardieu parlait d’une belle rencontre : « C’est un plaisir énorme car je suis spectateur dans ces moments-là. Quelqu’un qui ne croit à rien ne peut pas vieillir ainsi. Gisèle croit aux oiseaux, à la beauté, au chagrin, à la tristesse… (…) Et en face d’elle, je suis libre » Malgré son long parcours, Gisèle Casadesus lui répondait alors : C’est agréable de jouer face à un si grand professionnel. (…) On se sent porté par lui. Ma seule inquiétude était de savoir si j’allais réussir à me hisser à la hauteur ».

A la vie d’artiste, Gisèle Casadesus n’avait jamais sacrifié sa vie de femme : elle avait été l’épouse de Lucien Probst, lui aussi comédien (Lucien Pascal à la scène) et qui fut même directeur de la Maison de Molière. Elle était mère de quatre enfants, ayant tous embrassé une carrière artistique : chef d’orchestre (Jean-Claude Casadesus), comédienne (Martine Pascal), peintre (Béatrice Casadesus) et compositeur (Dominique Probst). Enfant, elle disait déjà qu’elle « ferait du théâtre et aurait des enfants« . Et elle a raconté : « Ça faisait beaucoup rire les grandes personnes, qui pensaient que c’était incompatible ! »

Pour son centenaire, elle avait publié Cent ans, c’est passé si vite (*). Lors d’une interview au Parisien, elle déclarait alors : « Il faut apprendre à renoncer quand on est très âgé. Pour moi, c’est difficile, car dans ma tête, j’ai toujours 20 ans. Depuis peu, mes enfants m’interdisent de faire du vélo. Je leur obéis, et pourtant, je suis têtue !  » Dans sa longue vie, Gisèle Casadesus a prouvé une chose : il faut vivre en se battant pour sa passion.

(*) Le Passeur (écrit avec Eric Denimal)

 

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