LAETITIA, de Julie Talon – 1h20
Documentaire
Sortie : mercredi 20 septembre 2017
À mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
A 26 ans, Laetitia était la plus forte. Elle a travaillé dur pour ça. Championne du monde de boxe thaie, cette fille faisait peur, et elle en était fière. Cigale, elle n’a pas vu le vent tourner, et les autres la dépasser. Mauvaise élève surdouée, elle veut encore la gloire… mais sans les sacrifices. Laetitia désespère son entraineur, n’en fait qu’à sa tête. Pourtant, on croit en elle : quand elle veut, elle peut. Et de toute façon, elle sait qu’elle n’a pas le choix, qu’elle n’existe que par la boxe. Difficile d’admettre qu’il faudra un jour raccrocher les gants, surtout quand on prépare un retour sur le ring avec 12 kilos de trop.
Et alors ?
La boxe a toujours été un terrain d’inspiration pour le cinéma. Sans être une pratiquante du ring, Julie Talon a voulu signer un documentaire sur une passion qui n’est pas vraiment rémunératrice et qui demande des sacrifices permanents, à l’image du parcours de Laetitia qui, tout en s’occupant de son fils, tente de revenir au plus haut niveau. La cinéaste souligne évoquant des films qui l’ont inspirés comme Fat City, la dernière chance, de John Huston : « On y voit tout le paradoxe de la boxe : la façon dont ils vont prendre un temps infini à magnifier leur corps pour ensuite se faire détruire sur un ring. »
Dans la salle d’entraînement un peu sinistre en forme de garage aménagé dans la banlieue de Vitry, Julie Talon se glisse au côté de Laetitia pour découvrir cet univers très masculin, dirigé de main de fer par Jean-Marie qui ne cède à aucun caprice ou état d’âme de sa championne même s’il reste très proche d’elle et pas avare de conseils… ou de réprimandes.
La réalisatrice poursuit : « Laetitia, c’était quasiment la seule fille du club, elle était obligée de s’entraîner contre des hommes. Là où j’aurais pu imaginer de la pudeur, il n’y en avait pas. À la place, c’était un corps-à-corps très beau. Au-delà des films que j’ai pu voir et revoir, je voulais garder l’image de ce qui m’avait troublé. »
Filmant une jeune femme « banale » à laquelle la boxe donne un sens certain à la vie, Julie Talon a volontairement laissé de côté le parcours personnel de Laetitia. C’est un choix que l’on peut regretter car il aurait sans doute permis de mieux comprendre les motivations profondes de cette jeune femme qui donne le sentiment de combler les vides de son existence par le ring.
