HOME, de Fien Troch – 1h44
avec Sebastian Van Dun, Mistral Guidotti, Loïc Batog, Lena Suijkerbuijk
Sortie : mercredi 13 septembre 2017
À mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Kevin, 17 ans, sort de prison. Pour prendre un nouveau départ, il s’installe chez sa tante et se lie d’amitié avec son cousin et ses amis. Ce nouvel équilibre le sauvera-t-il de la délinquance ?
Confiance, complicité et trahison se succèdent jusqu’à ce qu’un évènement inattendu bouleverse à jamais le quotidien de ces adolescents.
3 raisons d’aller voir ce film ?
Un sujet troublant. Pour nourrir son scénario, Fien Troch s’est inspiré d’un documentaire vu à la télévision et qui parlait d’une relation incestueuse mère-fils. Elle explique : « Cette histoire m’intéressait aussi car elle déplaçait le problème de l’inceste sur le terrain de la relation mère-fils, là où habituellement on parle plus volontiers des pères et de leurs filles. En précisant que mon film est basé sur des faits réels, je voulais montrer que la réalité dépasse parfois la fiction. »
Avec une histoire cruelle, et des images qui ne peuvent que nous heurter, Fien Troch parvient à évoquer plusieurs thèmes outre celui de l’inceste qui sert de colonne vertébrale au scénario : l’éducation, l’ennui des adolescents, l’importance des réseaux sociaux et des mobiles. Ainsi son film dresse une radiographie inquiétante de la société actuelle.
Une mise en scène forte. Rendant un hommage au metteur en scène américain Larry Clark, Fien Troch réussit une mise en scène enlevée, portée par un montage subtil. A la manière d’un Xavier Dolan, la réalisatrice utilise avec aisance un certain nombre de format, notamment le téléphone portable, sans que cela fasse gadget à la mode. Elle raconte : « Les jeunes filment et se prennent en photo tout le temps ! Dans un souci de réalisme et pour en faire des personnages actifs, nous avons décidé de confier un téléphone à chacun des acteurs. Ils avaient pour consigne de filmer ce qu’ils voulaient. A la fin d’une scène, par exemple, je leur demandais de rester et de continuer à filmer, après que l’équipe ait quitté les lieux. La seule scène que nous avions prévue de tourner avec le smartphone est celle du meurtre de la mère, lorsque John et Kevin sont dehors. »
Des acteurs au diapason du drame. Après un long casting, Fien Troch est parvenue à faire tourner des comédiens non professionnels et qui sont d’une justesse incroyable. « Ils restaient eux-mêmes, alors que je sentais trop la fabrication chez les acteurs professionnels », précise la cinéaste. On ne peut qu’être étonné par Sebastian Van Dun qui, derrière son côté beau gosse, parvient à ménager un mystère certain dans son jeu, voire exprimer un danger latent. Il y a quelque chose d’un James Dean dans sa dégaine.
Certes, la fin de ce drame est en forme de cul de sac, mais ce scénario âpre et violent ne peut laisser indifférent, tant la mise en scène de Fien Troch est inspirée et évite bien des pièges (le voyeurisme notamment) dont une telle histoire aurait pu être prétexte.

