JEREMY RENNER AU DELÀ DES FRONTIÈRES

Signé par le scénariste très en vogue d’Hollywood,  Taylor Sheridan, Wind River, sur les écrans le 30 août, permet à Jeremy Renner de décrocher un premier rôle fort dans ce polar situé dans une réserve indienne.

Avec Wind River, récompensé par le Prix de la mise en scène d’Un certain regard au dernier Festival de Cannes, Taylor Sheridan signe ce qu’il nomme sa « trilogie de la frontière américaine moderne » après Sicario, réalisé par Denis Villeneuve, et Comancheria, de David Mackensie, dont il a signé les scénarios. Il explique simplement ce passage derrière la caméra : « J’ai beaucoup d’amis amérindiens qui m’ont raconté leur histoire. Par respect pour eux, je devais réaliser ce film moi-même.  »

Le pitch ? Cory Lambert est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu’il découvre le corps d’une femme en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue élucider ce meurtre. Fortement lié à la communauté amérindienne, il va l’aider à mener l’enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l’isolement, où la loi des hommes s’estompe face à celle impitoyable de la nature…

Traquant l’homme qui a laissé mourir une Amérindienne par -15C dans les paysages écrasés de neige du Wyoming, Taylor Sheridan porte un regard aiguisé sur la société américaine : « Wind Riber explore ce qui constitue sans doute à la fois les vestiges les plus tangibles de la Frontière américaine et le plus grand échec de l’Amérique : la réserve amérindienne. Au niveau le plus intime, il s’agit de l’étude de la manière dont un homme continue à avancer après une tragédie, sans arriver à tourner la page. C’est aussi, à un niveau plus global, l’étude des conséquences nées du fait de forcer un peuple à vivre sur une terre qui n’était pas destinée à l’accueillir. Il est question d’un territoire sauvage, brutal, où le paysage lui-même est un ennemi. De terres où l’addiction et le meurtre tuent plus que le cancer, où le viol est considéré comme un rite de passage pour les jeunes filles devenant femmes. De terres où la loi des hommes cède devant celle de la nature. Nulle part ailleurs en Amérique du Nord les choses n’ont moins évolué au cours du siècle dernier, et nul autre lieu en Amérique n’a davantage souffert de ces maigres changements. »Pour l’anecdote, il a envoyé pour obtenir leur consentement le scénario de son film aux tribus Arapahoe et Shoshone de la réserve de Wind River.

Faisant jouer un certain nombre d’acteurs non professionnels habitant dans la réserve, Taylor Sheridan offre à Jeremy Renner – qui retrouve ici une fois de plus Elizabeth Olsen – un premier grand rôle après des années à promener sa gueule burinée dans bien des films et après avoir été nominé à deux reprises aux Oscars (dans Démineurs et The Town). Cet acteur de 46 ans dont le second métier en forme de passion est de rénover des maisons a su construire patiemment sa carrière.

En tout cas, Wind River n’est pas un film d’action tiède de plus. Taylor Sheridan n’hésite pas à lancer dans une interview au Journal du dimanche : « Notre pays est divisé par l’ignorance Donald Trump va détester « Wind River », j’en suis certain Tant mieux !« 

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