UN WESTERN EN PATAGONIE

PATAGONIA, EL INVIERNO, d’Emiliano Torres – 1h35

Avec Alejandro Sieveking, Cristian Salguero, Adrián Fondari

Sortie : mercredi 28 juin 2017

Je vote : 4 sur 5

Le pitch ?

Après avoir travaillé toute sa vie dans un ranch isolé en Patagonie, le vieil Evans est remercié et remplacé par Jara, un homme plus jeune qui veut s’installer avec femme et enfant. Mais quand l’hiver arrive, la région est bloquée par la neige. Il n’est plus seulement question de travailler mais aussi de survivre dans des conditions extrêmes. Désespéré et seul, Evans essaie d’effrayer Jara pour le faire partir. La confrontation est inévitable…

2 raisons d’y aller ?

Une plongée dans la solitude de la Patagonie. Avec ce film, Emiliano Torres plonge le spectateur dans une Patagonie authentique et perdue : celle qui est située au sud-ouest de Santa Cruz, celle des grandes propriétés et des élevages de moutons. Il souligne : « Il n’y a pas de baleines, pas de pingouins ni de lacs, c’est une zone de travail rurale avec un climat très dûr mais qui pour moi a une beauté unique et ça m’intéressait de filmer ce lieu, mais pas pour en faire un film de paysage. Le défi était d’incorporer le paysage comme un personnage du film, de façon naturelle parce qu’il est important dans la vie des habitants. » Dans cet univers hostile, l’homme doit composer avec les éléments pour survivre dans une existence dépouillée de tout luxe et avec une vie qui tourne vite à la routine. Dès les premières séquences, on mesure combien les travailleurs saisonniers sont utilisés comme des esclaves en devant abandonner pour travailler toute vie privée.Le tournage fut d’ailleurs confronté à des conditions difficiles comme le souligne le réalisateur : « Il n’y avait pas de signal pour le téléphone, pas d’internet évidemment. Ce fut un vrai exercice d’adaptation mais ça m’a obligé à faire du cinéma de manière essentielle, sans sophistication. Nous avons eu deux semaines de tournage en hiver et quatre en été, mais nous avons dû l’interrompre au beau milieu à cause des conditions météo, ce qui n’est pas habituel dans le cinéma. »

Le choc de deux solitudes. Avec une mise en scène sobre et une photographie magnifique, le premier film d’Emiliano Torres est une espèce de thriller qui met aux prises deux hommes confrontés à la solitude. C’est aussi la description du passage de génération qui est vécu comme une blessure profonde. Ces deux hommes qui viennent de deux régions différentes, ils luttent, tous les deux, pour une vie misérable. Qui plus est, pour décrocher ce job, Jara est contraint de cacher sa vie familiale.

Pour camper le duo, il a fait appel à deux acteurs qui réussissent à en dire beaucoup en peu de mots : Alejandro Sieveking  ( il était étonnant dans Les Vieux Chats en 2012) joue avec tact le vieil Evans dont la vie est soudain brisée et qui noie sa solitude dans les vapeurs des alcools forts. Quant à Cristian Salguero, il a tout du personnage d’un western andin.

Pour qui aime les films peu bavards, les histoires qui prennent leur temps et les paysages où le regard peut se perdre, Patagonia, el invierno mérite un arrêt dans les salles obscures.

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