VERTIGES DE L’AMOUR

ANA, MON AMOUR, de Cālin Peter Netzer – 2h05

Avec Mircea Postelnicu, Diana Cavallioti

Sortie : mercredi 21 juin 2017

Je vote : 3 sur 5

Le pitch ?

L’histoire d’amour d’Ana et Toma commence dans une chambre d’étudiant. Ils sont jeunes, beaux, sensibles et exaltés ; ils s’aiment furieusement et rêvent de refaire le monde. Mais quand vient le temps d’affronter leurs démons, réels ou imaginaires, les amoureux s’accrochent désespérément l’un à l’autre, au risque de tout faire voler en éclats.

Ce qui nous touche ?

Sur le thème classique de l’amour fou qui tourne mal, Cãlin Peter Netzer  ( son film précédent Mère et fils avait remporté l’Ours d’or à Berlin  en 2013) propose ici une approche originale : celle d’une liaison impossible. Confidences du réalisateur : « Comme dans tous mes films, c’est le dysfonctionnement qui m’a attiré. Le besoin de mettre les choses à plat de façon à comprendre pourquoi et comment l’amour devient une dépendance. Où est la limite? Y a-t-il une limite ? Est-ce vraiment quelque chose qui peut être définie ? Telles sont les questions qui m’ont guidé vers ce sentiment qui a inspiré le film. »  Déroulant son histoire sur une décennie, Ana mon amour décrit avec une belle justesse le déni de la réalité d’un couple qui veut se persuader que le grand amour existe alors que bien des signes montrent que celui qu’ils éprouvent ne peut être que voué à l’échec.

Avec les éclairages ponctuels et rapides des passages de Toma dans le cabinet de psychanalyse, avec des personnages qui vieillissent au gré du récit, le film joue sur une certaine déstabilisation du spectateur qui découvre souvent des scènes dont l’action a déjà commencé. « Je voulais créer chez le spectateur un sentiment de frustration quant au fait qu’il n’en sait jamais assez » dit le cinéaste qui ajoute : « On n’en sait jamais assez à propos de quelqu’un, ni à propos de soi-même. J’ai utilisé la psychanalyse comme un prétexte, de façon à laisser le spectateur rentrer dans la tête de Toma au milieu de ses souvenirs et de ses sentiments contradictoires, qu’il se sente aussi pris au piège, aussi paralysé ou aussi anxieux que le personnage. Je voulais que le spectateur puisse comprendre mon histoire « de l’intérieur ».

Filmant les scènes d’amour de manière frontale, le cinéaste réussit à nous faire partager ses névroses, à montrer l’usure provoqué par le temps,  dans un  scénario fin mais qui donne un film qui ne manque pas de longueur non plus. Très bien joué,  le film a décroché l’Ours d’argent au dernier festival de Berlin. Amour quand tu nous tiens…

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