I AM NOT YOUR NEGRO, de Raoul Peck – 1h33
Documentaire avec les voix de Samuel L. Jackson (version française, Joey Starr)
Sortie cinéma : mercredi 10 mai 2017
Rappel : Télévision, sur Arte, le mardi 25 avril à 20h50/
Je vote : 4 sur 5
Le pitch ?
À travers les propos et les écrits de l’écrivain noir américain James Baldwin, Raoul Peck propose un film qui revisite les luttes sociales et politiques des Afro-Américains au cours de ces dernières décennies.
Pourquoi ce doc est-il passionnant ?
Avec Raoul Peck, on sait qu’il ne faut pas s’attendre au tiède. Cette fois, il se sert de l’œuvre de James Baldwin comme épine dorsale d’un
documentaire où il dénonce la condition des Noirs dans le monde contemporain. Commentaires de Raoul Peck : « I am not your negro » se revendique de la quête de James Baldwin. À travers cette quête, je me réapproprie également ma propre histoire. Ce sont les mots de James Baldwin qui donnent la cadence mais les fondations, la structure, le rythme et les étapes charnières sont issus de ma propre expérience. Mes émotions en sont la colonne vertébrale. » En s’inspirant de 30 pages, ébauche d’un livre que le romancier américain n’a jamais fini (et que lui a confié sa jeune sœur), en s’appuyant sur bien des interviews de l’écrivain (certains plateaux à la télévision sont surréalistes), Raoul Peck montre la « mainmise de l’homme blanc sur l’histoire », aux États-Unis en premier chef et, par ricochet, dans le reste du monde aussi.
Alors que l’élection d’un Donald Trump a tourné la page des années Obama, avec le lourd climat que
l’on sait, le cinéaste montre bien comment le contexte régnant aux États-Unis, par delà certains symboles, reste celui d’une violence régulière. Il le fait en revenant, en s’appuyant sur les mots de Baldwin, sur trois figures marquantes de la lutte pour la question noire morts tragiquement : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King. Commentaires de Raoul Peck : « Les cycles de violence et de confusion condamnés par Baldwin, continuent, banalisés et déformés par l’influence de la presse, la télévision, Hollywood et les partisans politiques hargneux. Comment rompre ces cycles quand nous ne traitons pas la cause elle-même ? Comment résoudre les problèmes fondamentaux des États-Unis ? Jamais la voix de Baldwin n’a été aussi essentielle, puissante, radicale et visionnaire. »
En construisant un documentaire tout à fait remarquable, par un mariage subtil entre visuel et musical – « Les mots servant de ponctuation aux mots et à la musique et vice versa« , dit le cinéaste – et avec un sens certain du décalage, comme dans une partition de jazz, Raoul Peck signe un doc très fort , aussi politique que poétique et qui offre une belle caisse de résonance aux propos de Baldwin.

