REDA KATEB, LE DÉFI DJANGO

Etienne Colmar revient dans Django, sur les écrans le 26 avril, sur la vie du guitariste manouche prodige durant la période dangereuse de l’Occupation. Un rôle en forme de défi pour Reda Kateb, un comédien qui n’en finit plus de nous étonner.

Ce n’est pas toute la vie de Django Reinhardt que raconte Etienne Colmar dans ce premier film : le cinéaste a fait le choix de zoomer sur une courte période dans le parcours du guitariste manouche. Ou quelques mois de Django durant la Seconde Guerre mondiale. Chaque soir,  Django fait vibrer le tout-Paris aux Folies Bergères avec sa musique swing alors qu’en Europe, ses frères sont pourchassés et massacrés. Lorsque la propagande allemande veut l’envoyer à Berlin pour une série de concerts, il sent le danger et décide de s’évader en Suisse aidé par une de ses admiratrices, Louise de Klerk… En ce sens, ni collabo, ni résistant, le musicien est un homme ordinaire pris dans les tourments d’une guerre sans frontières. « Cette période de l’été 1943 à la Libération me permettait le mieux d’aborder les thèmes qui me sont propres et me touchent, notamment son aveuglement musical et la prise de conscience d’artiste qui s’en suit », explique le réalisateur.

Pour Reda Kateb, camper cet artiste en action est un défi de plus. Et de taille. Ce qui l’a séduit dans le personnage, ce sont ses contradictions. Il souligne : « Django était considéré comme un dieu par les Manouches, mais il savait être un homme simple et accessible ; il pouvait être à la fois généreux et pingre, humble et arrogant. En fait, plus je le découvrais, plus il m’apparaissait mystérieux. C’est l’effet que provoquent les grands personnages de théâtre comme Hamlet ou Macbeth. On peut sans cesse les revisiter car, au milieu de ces contradictions, il y a un espace de liberté propice à une évocation personnelle. »


La quarantaine sied bien à un acteur comme Reda Kateb qui a réussi à échapper à tous les étiquetages depuis le rôle de dealer dans Un prophète, de Jacques Audiard, qui révéla ce comédien au grand public. S’il a joué le terroriste torturé dans le passionnant Zero Dark Thirty, il ne s’est pas résolu à rester prisonnier d’un physique particulier, a campé aussi bien un chauffeur de taxi dans La Résistance de l’air, qu’un médecin doté d’une personnalité atypique dans le subtil Hippocrate. L’acteur connaît trop bien le monde du théâtre – son père Malek Eddine Kateb l’emmenait avec lui dans les loges- pour se laisser enfermer dans un type de personnage. Et, avant d’arriver, il a connu les galères habituelles des enfants de la balle, qui plus est dotés d’un physique pas banal. L’homme a une philosophie certaine de son métier et il dit : « Je ne suis pas de ces acteurs qui cherchent à imprégner leur marque dans l’histoire du cinéma. Si ça arrive, tant mieux, mais mon premier souhait est de faire du tournage un temps intéressant, car c’est un morceau de vie. »

Discret, Reda Kateb n’as pas fini de nous étonner en faisant entendre sur grand écran ou sur les planches sa petite musique personnelle. Parvenant à imposer sa griffe et sans jamais hausser le ton, même dans des films manquant de rythme.

   

 

 

 

 

 

La bande originale de « Django » est sortie chez Universal.

C’est le Rosenberg Trio qui interprète

les œuvres du guitariste manouche.

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