RETOUR A FORBACH, de Régis Sauder – 1h18
Documentaire
Diffusion : mercredi 19 avril 2017
Je vote : 3 sur 5
Régis Sauder revient dans le pavillon de son enfance à Forbach. Il y a trente ans, il a fui cette ville pour se construire contre la violence et dans la honte de son milieu.
Entre démons de l’extrémisme et déterminisme social, comment vivent ceux qui sont restés ? Ensemble, ils tissent mémoires individuelles et collectives pour interroger l’avenir à l’heure où la peur semble plus forte que jamais.
Que penser de ce doc ?
C’est un retour aux sources fort que nous propose ce documentaire. D’abord parce que Régis
Sauder retrouve le pavillon de ses parents qu’ils doivent abandonner l’âge aidant car marqués par la maladie. Ensuite, parce que ce retour au pays lui donne l’occasion d’ausculter une région sinistrées. Et de poursuivre un regard sur l’héritage qu’il avait débuté il y a dix ans dans le cadre d’un atelier documentaire de la Fémis avec le film, Libérez Régis. Le cinéaste poursuit : « L’idée de faire un film sur mon héritage ne m’a jamais quitté, et elle est liée au lieu d’où je viens et où tout a commencé. Le cinéma documentaire est une façon de transmettre et de partager une expérience, aussi intime soit elle. C’était important de faire le point sur ce qu’on m’avait donné. Puis, il y a eu l’explosion du vote FN partout en France en 2014 et Forbach s’est retrouvé sous le feu des projecteurs. Philippot s’est présenté aux élections municipales et au premier tour, il est arrivé en tête. J’étais à Marseille à l’époque et cette stigmatisation de la ville m’a interpellé. »
Sans jamais sombrer dans l’anecdote et l’anecdotique, Régis Sauder aborde un nombre de thèmes impressionnants : de la transmission des valeurs à la paupérisation d’une région. Et son film souligne l’importance des récits de vie et des témoignages les plus personnels. Avec la voix off du narrateur comme fil directeur à ce parcours. Commentaire du cinéaste : « Il était évident que ma voix allait se mêler aux autres. Il n’y a pas un narrateur d’un côté et de l’autre, des personnages qui seraient le faire-valoir de ce récit-là. C’est un récit commun, choral. Ma voix ne surplombe pas la parole de Flavia, Chérif ou Mohamed. Nos récits se répondent et nous sommes tous à la même place. »
Même si la montée du FN tient lieu d’épine dorsale à ce retour au pays, un des pièges du film (dont le tournage s’est échelonné sur deux ans) tient au nombre de thèmes abordés et donc, inévitablement, parfois survolés. Et ce, au risque de perdre un spectateur qui ne connaît pas dans le détail cette vie locale et ses méandres. Au demeurant, ce documentaire a l’immense mérite de décrire une réalité complexe, en mêlant un discours sur les racines à un autre, d’une grande intelligence politique et citoyenne.


