SAGE-FEMME, de Martin Provost – 1h57min
avec Catherine Frot, Catherine Deneuve, Olivier Gourmet
sortie : mercredi 22 mars 2017
Je vote : 3 sur 5
Claire est la droiture même. Sage-femme, elle a voué sa vie aux autres. Déjà préoccupée par la fermeture prochaine de sa maternité, elle voit sa vie bouleversée par le retour de Béatrice, ancienne maîtresse de son père disparu, femme fantasque et égoïste, son exacte opposée.
Cette rencontre ne peut que provoquer un petit séisme dans la vie bien rangée de Claire.Un personnage aussi rigide que complexe dont on sent qu’elle a fait une croix sur sa sexualité alors que Béatrice continue de brûler la vie par les deux bouts, et de flamber en allant brûler ses ailes dans des parties de poker clandestines. Et ce, même si celle-ci ne semble pas si solide que cela et sûre d’elle au fil de l’histoire.
Le choc de deux actrices. Le face-à-face entre Catherine Deneuve et Catherine Frot – c’est la première fois au cinéma – est d’une grande force du film et les deux comédiennes ont un jeu absolument complémentaires. Sans forcer le trait, Catherine Frot permet de faire passer son personnage d’une haine sourde à une forme de compréhension pour l’ancienne maîtresse de son père. Elle dit : « C’est ce qui m’a séduite dans ce personnage. Claire est à un moment charnière de son existence : la clinique dans laquelle elle a toujours travaillé est en train de fermer, son fils a quitté la maison, Béatrice revient dans sa vie tel un fantôme du passé, et elle est sur le point de vivre une histoire d’amour avec Paul. »
Quant à Catherine Deneuve, elle est souveraine dans le rôle de cette flambeuse qui joue sa vie comme elle agirait à une table de poker, même si la maladie se déclare. La comédienne déclare justement : « Béatrice est un personnage de comédie qui vit des moments dramatiques. Elle est à l’image du film. Martin Provost réussit en effet à parler de choses graves avec légèreté sans que cela ne soit jamais pesant. La comédie vient sans cesse désamorcer le drame sans nuire à l’émotion. »
Les limites du film, c’est un scénario qui fleure un peu trop les bons sentiments avec, au détour du récit, on peut trouver un peu invraisemblable l’irruption de l’histoire d’amour de Béatrice avec le routier campé par Olivier Gourmet, toujours impeccable. Un rebondissement qui est le prétexte à l’étrange scène d’une Catherine Deneuve au volant… d’un poids-lourd.
Certes, l’idée du jardin au bord du fleuve est un beau symbole pour montrer le caractère terrien de Claire, certes l’arrière fond social (la crise des maternités) est bien montré, mais il faut aussi une bonne dose de naïveté pour s’embarquer dans l’histoire sans quelques réserves. Cela dit, comme c’est extrêmement bien joué, on y arrive sans peine…


