VICTIME DES RÉSEAUX SOCIAUX

1:54, de Yan England – 1h46

avec Antoine Olivier Pilon, Sophié Nélisse, Lou-Pascal Tremblay, David Boutin

Sortie : mercredi 15 mars 2017

Je vote : 4 sur 5

Le pitch ?

À 16 ans, Tim est un jeune homme timide, brillant, et doté d’un talent sportif naturel. Mais la pression qu’il subit le poussera jusque dans ses derniers retranchements, là où les limites humaines atteignent le point de non-retour.

Pourquoi ce film nous touche ?

Un sujet audacieux. Pour ce premier long métrage, l’acteur-réalisateur, producteur et animateur de télé, Yan England s’attaque à un thème fort et délicat : celui du harcèlement homophobe dans un lycée banal où le jeune Tim est victime des attaques de ses camarades après que son ami le plus proche se donne la mort. « J’adore la jeunesse et j’ai le sentiment d’en être proche, dit-il. J’ai été entraîneur de natation pour des groupes d’adolescents durant les vacances d’été. J’ai adoré leur montrer que leur performance ne dépend que d’eux, qu’ils sont les seuls à pouvoir se fixer des limites. Je voyais aussi comment les enseignants avaient du mal à communiquer avec certains ados. Des parents ne comprennent pas pourquoi soudain leur gamin de seize ans pète un plomb et ils n’arrivent pas à en savoir davantage. »

La bonne idée scénaristique, c’est d’avoir montré comment ce harcèlement est subi au cours d’une classique compétition sportive au moment où le rival de Tim va utiliser une vidéo abjecte pour conserver sa première place. Yan England  décrit bien comment la veulerie des adolescents en groupe conduit à de terribles extrémités, surtout quand leur vie est gérée de bout en bout par les sites et les réseaux sociaux. Dont les répercussions s’avèrent, en final, terribles.

Deux jeunes acteurs au top. Le cinéaste ne jouant pas les moralisateurs mais filmant la descente aux enfers de Tim au plus près, et ce malgré le soutien indéfectible de son père ou celui de la jeune lycéenne, joliment campée par Sophie Nélisse,  une actrice surdouée de 16 ans (on se souvient de La Voleuse de livres), il lui fallait s’appuyer sur une distribution qui assure. Et c’est bien le cas avec, en tête d’affiche, le jeune acteur rendu célèbre par Xavier Nolan,  en 2014, dans Mommy : Antoine-Olivier Pilon est remarquable dans ce rôle de jeune adulte, qui craque au fur et à mesure que la machination prend forme. Pour ce rôle, il a fort justement reçu le prix du Meilleur acteur au dernier Festival d’Angoulême.

Film rude, sans concession mais aussi sans pathos, ce drame ne peut que toucher et faire réfléchir à une société ainsi régie par les préjugés et l’image numérique à la portée de tous.

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