PARIS PIEDS NUS, d’Abel & Gordon – 1h23
Avec Dominique Abel, Fiona Gordon, Emmanuelle Riva, Pierre Richard
Sortie : mercredi 8 mars 2017
Je vote : 4 sur 5
Fiona, bibliothécaire canadienne, débarque à Paris pour venir en aide à sa vieille tante en détresse. Mais Fiona se perd et tante Martha a disparu. C’est le début d’une course-poursuite dans Paris à laquelle s’invite Dom, SDF égoïste, aussi séducteur que collant.
3 raison d’aller voir ce film ?
La célébration des échecs. Dominique Abel et Fiona Gordon bossent ensemble depuis plus de vingt-cinq ans dans des films et autres spectacles en exploitant le thème de la maladresse des êtres. Avec un long parcours au théâtre, pas étonnant qu’ils glissent dans leur cinéma certaines caractéristiques de la scène pour s’habiller sur mesure. « Au départ, disent-ils, les personnages devaient nous ressembler et mettre en valeur nos talents clownesques. » Au gré, des errances de Fiona qui rate presque tout ce qu’elle entreprend, l’histoire prend un tour résolument loufoque, décalée et empreint d’une douce poésie.
Une mise en scène en apesanteur. Il y a dans ce petit monde décalé, un hommage à tout un cinéma d’antan qui glissait un peu de rêve dans la pesanteur du réel. Au gré des séquences, toutes plus déconcertantes les unes que les autres, on ressent les mêmes émotions que dans un film de Jacques Tati ou de Pierre Étaix. Que ce soit dans la scène du bateau mouche que dans la très beau final sur le tour Eiffel. Commentaires du duo : « Le décalage entre les hauts lieux iconiques et les coins cachés environnants nous plaît. On suit d’abord le regard de Fiona dans toute son innocence, on soulève un coin de cette toile de fond romantique et pittoresque et on découvre des endroits plus mystérieux, évoquant des histoires insolites, drôles, contemporaines, le monde de Dom. »
Des personnages délicats et émouvants. Outre le duo de comédiens qui portent cette errance poétique, il y a l’irruption de personnages savoureux, particulièrement le duo formé par Pierre Richard et la regrettée Emmanuelle Riva, dont c’est la dernière apparition à l’écran. Et qu’on découvre dans un rôle désinvolte et drôle de vieille tante indigne : l’actrice campe ici un personnage qui détonne dans sa filmographie. Commentaires des cinéastes : « On l’a prévenue qu’elle serait un chat de gouttière, qu’il n’y avait pas de maquilleur sur le plateau, pas de caravane privée, qu’on voulait qu’elle garde ses cheveux punk. Elle a ri. »
Célébrant la liberté des marginaux de tout genre, ce film original « dit » aussi, l’air de rien n’y toucher, pas mal de choses sur la société actuelle, ses valeurs de fric, de pouvoir.



