LE CONCOURS, de Claire Denis – 1h59
Documentaire
Sortie : mercredi 8 février 2017
Je vote : 3 sur 5
Le pitch ?
C’est le jour du concours. Les aspirants cinéastes franchissent le lourd portail de la grande école pour la première, et peut-être, la dernière fois. Chacun rêve de cinéma, mais aussi de réussite. Tous les espoirs sont permis, toutes les angoisses aussi. Les jeunes gens rêvent et doutent. Les jurés s’interrogent et cherchent leurs héritiers.
De l’arrivée des candidats aux délibérations des jurés, le film explore la confrontation entre deux générations et le difficile parcours de sélection qu’organisent nos sociétés contemporaines.
Et alors ?
Pour Claire Simon, la Femis, la plus célèbre école de cinéma, n’était pas un terrain inconnu. La cinéaste a été tout d’abord directrice du département réalisation au sein de l’établissement et a aussi dû faire passer le concours à plusieurs reprises et confronter ses idées à celles de bien des professionnels réunis le temps de l’épreuve. Elle raconte : « C’est vrai pour chaque département. On est les seuls représentants de l’école dans le concours. C’est important : les
jurés, à part cette exception, ne font pas partie de l’école. J’ai fait passer le concours avec Abderrahmane Sissako, qui était président. Par sa place de cinéaste africain, Abderrahmane interrogeait plus volontiers leur rapport au monde… C’était très intéressant et on se disait tous les jours : « Quel dommage de ne pas filmer ce qu’on voit, l’énergie et le désir des jeunes gens ! ». Pour les jeunes gens qui se présentent au concours, comme pour les professionnels qui sont les jurés, l’enjeu est si fort que je pensais qu’il fallait le filmer. »
Centrant son opus sur l’examen, la réalisatrice ne décrit pas les coulisses d’une école, son fonctionnement. Il est vrai, le concours d’entrée pour la Femis est tout sauf une promenade de santé : pas moins de 1200 candidats se disputent pour figurer parmi les seulement 60 reçus !En alternant les réactions des élèves et du jury à toutes les étapes de cette épreuve, Claire Simon parvient à nous faire ressentir au plus près des instants de tension profonde. Bien sûr, on se
perd un peu parfois dans un documentaire qui part dans tous les sens, mais la cinéaste montre bien comment notamment les examinateurs, qui sont tous des pros dans leur secteur, ont tous une crainte profonde : celle de manquer le nouveau Buñuel. Alors, bien sûr, il faut être mordu de cinéma pour goûter à un tel voyage au cœur d’un système d’évaluation et de sélection. Mais, cet angoissant parcours du combattant n’est-il pas in fine le lot de tous les concours à de prestigieuses institutions ?
Alors, le propos d’un tel doc prend offre alors des impressions qui peuvent toucher un large public, s’il est un peu curieux des coulisses d’une profession. Avec une école qui symbolise assez bien une manière de transmettre dans la République française. Conclusion de la cinéaste : « C’est ce qu’on appelle la méritocratie républicaine depuis la Révolution française… Et le concours de la Fémis est très vertueux de ce point de vue, à toutes les étapes, visant à préserver l’égalité entre les candidats. Les jurés changent souvent et sont compétents. Il existe un fort souci d’équité dans les discussions, les délibérations, les choix. Un ami américain éclatait de rire quand je lui racontais ça, répliquant en se moquant : « Mais si un gars arrive avec une lettre de Depardieu, il sera pris ! ». Et bien non, justement, cette lettre personne ne la lira, il ne saurait même pas à qui la donner ! Ça ne marche pas comme ça. »
