CORNICHE KENNEDY, de Dominique Cabrera – 1h34
Avec Lola Creton, Aïssa Maïga, Moussa Maaskri
Sortie : mercredi 18 janvier 2017
Je vote : 3 sur 5
Marseille, cap sur la Corniche Kennedy. Dans le bleu de la Méditerranée, au pied des luxueuses villas, les minots de Marseille défient les lois de la gravité. Marco, Mehdi, Franck, Mélissa, Hamza, Mamaa, Julie : filles et garçons plongent, s’envolent, prennent des risques pour vivre plus fort. Suzanne les dévore des yeux depuis sa villa chic. Leurs corps libres, leurs excès. Elle veut en être. Elle va en être.
Ce qui touche dans ce film ?
« Depuis longtemps, je voulais faire un film à Marseille, qui est une ville que j’adore, raconte Dominique Cabrera. J’y vais souvent et depuis longtemps. Je suis pied noir, je crois que c’est
l’écho avec l’Algérie qui me touche dans cette ville, comme si elle était le miroir d’Alger, de l’autre côté de la Méditerranée. J’aime la grande ville populaire au bord de la mer, le brassage social, ethnique. À Marseille plus qu’ailleurs encore, je rêve à l’histoire des passants, comme si dans ses rues les mythes et les histoires se croisaient. J’ai donc cherché une histoire qui se passe là-bas, lu beaucoup de romans et Corniche Kennedy m’a happée. »
Il n’était pas aisé d’adapter un roman comme celui de Maylis de Kerangal avec une action si « réduite » et où, beaucoup de choses passent par les mots. Sans toujours y parvenir – les scènes de saut dans la mer sont un brin répétitives – Dominique Cabrera parvient à nous intriguer par cette rencontre improbable entre deux populations que rien ne réunit a priori.
En mêlant la chronique sociale et le polar, sur fond de trafic de came, elle parvient à susciter la curiosité. Certes, certaines séquences avec les flics sont un brin caricaturales (on a parfois du mal à croire au personnage campé par Aïssa Maïga qui, dans le roman original, était un homme), et pourtant cette plongée dans un Marseille bigarrée fonctionne et nous touche.
Entourée de comédiens novices, et qui, malgré un manque de métier, sont souvent très crédibles, Lola Créton trouve ses marques sans problème. Dominique Cabrera raconte pourquoi elle a fait le choix de cette jeune comédienne pour porter le rôle central de son histoire : « Je me souviens de la première fois où Lola est venue faire des essais à Marseille. J’ai pensé : « Elle ne va jamais vouloir faire ce petit film avec des minots. » Et puis je l’ai emmenée sur la Corniche, je l’ai vue marcher dans cet endroit sublime et je me suis dit : « Elle comprend dans quel écrin elle va être filmée, elle va dire oui ! » »
Il y a enfin une chose qui touche dans le film : c’est la manière dont la réalisatrice a su utiliser avec beaucoup de flair les décors de Marseille où, trop souvent, on saute d’un décor à l’autre sans une vraie logique au risque de perdre le moindre autochtone. Bref, cette histoire de jeunes en quête de danger à cause d’une vie monotone et ennuyeuse n’est pas sans un charme certain.


