NERUDA DANS LA TEMPÊTE

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NERUDA, de Pablo Larrain – 1h28

Avec Luis Gnecco, Gael Garcia Bernal, Mercedes Morán

Sortie : mercredi 4 janvier 2017

Je vote : 4 sur 5

Le pitch ?

1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et neruda08confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète. Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Neruda joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, il y voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire.

3 raisons d’y aller ?

Retrouver un moment inédit et fort dans la vie du poète. Cette fuite de Pablo Neruda, traqué par les autorités de son pays, est un temps capital dans la vie de l’artiste et qui marqua de manière indélébile sa poésie, notamment son Canto General. L’astuce de Pablo Larrain est d’avoir échappé au biopic classique et de donner à saisir la complexité du personnage : « Quand on s’intéresse à Pablo Neruda, on se rend compte qu’on a une telle image de lui – il est perçu comme un artiste d’une grande complexité et d’une envergure extraordinaire – qu’il est impossible de le faire entrer sagement dans une case ou dans un seul film qui résume sa personnalité et son œuvre. » En prenant le parti du polar, il parvient à nous embarquer dans un récit qui a un souffle certain et restitue la forte personnalité d’un artiste jouisseur et séducteur en diable.

Un casting bien tempéré. Impeccable en flic implacable et obsessionnel dans son rêve de voir chuter le poète engagé, Gael Garcia Bernal s’avère, une fois encore, comme un comédie incontournable quand il s’agit de jouer sur bien des nuances. Commentaires du comédien : « Avec Pablo Larraín, nous avons beaucoup parlé de ce personnage : son corps a trouvé son âme, pourrait-on dire, une fois que nous avons décidé qu’il serait le fils d’une prostituée. Il est le paria, l’exilé qui revient pour se forger un nom et une identité en affrontant quelqu’un comme Neruda, celui qui est capable de créer tout à coup des « moments de vie » impensables. »

neruda14Quant à Luis Gnecco, il parvient haut-la-main à camper un Neruda dans toute sa complexité. Un être qui ne supporte par l’idée de brider son désir fou de liberté. Le comédien souligne : « Le personnage de Neruda, tel que je l’ai joué, est déterminé à bien des égards par le personnage de Delia, campé par Mercedes Morán.
C’est une actrice magnifique, concentrée, discrète, aux ressources étonnantes, et qui parvient à s’imposer avec un jeu subtil, comme je n’en avais jamais rencontré. Son interprétation de l’artiste peintre aristocrate argentine, qui a en grande partie forgé la personnalité du poète, est vraiment juste et touchante.
 » D’un bout à l’autre de l’opus, ce trio porte vraiment l’histoire sur ses épaules.

neruda13Un road-movie poétique sur fond de paysages splendides. Pablo Larrain sait à merveille utiliser les décors splendides de la Cordillère, notamment dans la séquence finale de fuite à cheval où, abandonnant sa moto antique, le policier va jusqu’au bout de son chemin de croix pour tenter d’arrêter coûte que coûte le fugitif. Ces paysages enneigés grandioses confèrent à la fin du film une puissance visuelle incontestable.

 

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