DERNIÈRES NOUVELLES DU COSMOS, de Julie Bertuccelli – 1h25
Documentaire – Montage : Josiane Zardoya
Sortie : mercredi 9 novembre 2016
Je vote : 4 sur 5
A bientôt 30 ans, Hélène a toujours l’air d’une adolescente. Elle est l’auteure de textes puissants à l’humour corrosif. Elle fait partie, comme elle le dit elle-même, d’un «lot mal calibré, ne rentrant nulle part». Visionnaire, sa poésie télépathe nous parle de son monde et du nôtre. Elle accompagne un metteur en scène qui adapte son œuvre au théâtre, elle dialogue avec un mathématicien… Pourtant, Hélène ne peut pas parler ni tenir un stylo, elle n’a jamais appris à lire ni à écrire. C’est à ses 20 ans que sa mère découvre qu’elle peut communiquer en agençant des lettres plastifiées sur une feuille de papier. Un des nombreux mystères de celle qui se surnomme Babouillec…
Ce qui touche profondément dans ce film ?
Faire l’éloge de la différence aurait pu être pesant. Il n’en est rien dans ce documentaire où sans pathos mais avec une grande empathie, Julie Bertuccelli filme le quotidien de cette jeune femme qui s’exprime – avec quelle force ! – mais « sans parole ». Au point d’intéresser aussi bien une troupe de théâtre – Pierre Meunier a adapté ses textes dans Forbidden di Sporgersi – qu’un mathématicien existentiel, Laurent Derobert. La cinéaste raconte : « On pourrait dire que la pièce Forbidden di Sporgersi explore le mystère de l’écriture d’Hélène, tandis que mon film explore le mystère qu’elle incarne elle-même en tant que personne et artiste. »
Malgré la difficulté de communiquer, on reste étonné de comprendre « ce que veut dire » Hélène qui parvient à exprimer bien des émotions, un ressenti autrement que par de la prose banale. Et qui canalise par le jeu avec des lettres toute la violence qui est contenue en elle. Julie Bertuccelli poursuit : « Comme elle le dit elle-même, Hélène a une relation spirituelle aux choses comme un don médiumnique. Elle dit vivre un voyage intersidéral, un « va-et-vient avec le cosmos ». Ses rapports à la nature, à l’espace et au temps, sont toujours d’ordre symbolique, métaphorique. »
Par un équilibre heureux entre les images, les mots et les situations, la réalisatrice parvient à nous faire comprendre un peu mieux « de l’intérieur » comment l’autisme est tout sauf un enfermement. Et c’est aussi une formidable leçon de courage et une leçon de vie aussi que de suivre Hélène et ceux qui s’occupent d’elle tout au long de ce voyage dans un monde parallèle.
A signaler les textes de Babouillec sont publiés, notamment « Algorithme éponyme » (Christopge Chomard Editeur)


