LES COULISSES D’UNE SACRÉE VADROUILLE

9782258137899Sur la route de la Grande Vadrouille, c’est, sous la plume alerte de Vincent Chapeau, une plongée réussie dans les coulisses d’un film qui fut vraiment culte.

Cinquante ans après sa sortie, La Grande Vadrouille reste LA comédie de Gérard Oury. Avec ses 17 267 000 spectateurs,  ce film, sorti en décembre 1966, a longtemps été le numéro 1 du box-office français.  Et il a fallu la sortie de Bienvenue chez les Ch’tis en 2008 (20 489 303 entrées) et  Intouchables  en 2011 (19 490 688 entrées) pour battre un tel record. Et la sortie de la version restaurée du film l’été dernier a prouvé que le public était toujours séduit par une comédie de cet acabit, malgré ses nombreuses diffusions sur le petit écran.

Dans un livre très solidement illustré et offrant des documents inédits, Vincent Chapeau revient sur les coulisses d’un tournage riche en anecdotes. On apprend ainsi  que Gérard Oury avait repris le début d’un scénario centré sur une femme très croyante et une prostituée qui traversaient la France occupée avant de l’adapter pour Bourvil et De Funès qui y campaient un peintre en bâtiment et un chef d’orchestre errant dans la France occupée.

55a110903570e4598ce1608aDe même, Danièle Thompson, qui écrivit le scénario avec son père, raconte comment ils ont fini par couper vingt minutes de trop qui devaient se dérouler à Albin, dans le  Tarn. Ce qui créa une réplique codée entre le père et la fille quand ils planchèrent ensuite sur de nouvelles histoires et  que l’un d’eux commençait à se perdre dans des péripéties inutiles : « Fais attention à Albi ! ». De même, le film devait comporter une scène se passant à la neige dans la montagne, mais qui fut abandonnée car trop chère et trop complexe à monter.

On y découvre encore comment bien des habitants de Beaune et Meursault ont pu, un jour ou l »autre, jouer un rôle, y compris devant la caméra, dans La Grande Vadrouille. Ainsi, Paul Ravely,  le chauffeur du car qui conduisait l’équipe de l’hôtel de Vézelay sur le plateau de tournage, a un jour été embauché pour camper un « Fridolin ». Ce qui lui offrit un cachet  de 100 francs la journée. « Cent balles, ça faisait du pognon à l’époque ! dit le comédie amateur. Tout ça getimagepour trois secondes dans le film, mais ma modeste participation reste un très bon souvenir. »

Outre des notes sur les cascades nombreuses et animées du film, le livre décrit aussi des comédiens au quotidien. Il montre notamment comment Bourvil est resté un homme simple et discret qui ne jouait jamais la star. Oublié un jour sur le plateau, il fut ainsi récupéré rentrant à pied sur la route. Au lieu de pousser un coup de gueule, Bourvil a simplement lancé : « On m’a oublié mais c’est ma faute, j’étais allé faire un tour à l’écart. »  Quant à De Funès, il avait du mal à s’épancher. Evoquant la séquence de la patrouille où le chef d’orchestre finit par remercier le peintre en bâtiment, Gérard Oury soulignait comment De Funès a eu du mal à le faire : « Il l’a merveilleusement dit, mais il avait toujours quelques pudeurs à exprimer un sentiment qui n’était pas un effet comique, comme une émotion. »

Grâce à de très nombreux témoignages, ce livre fait vivre un film qui semble ne pas avoir pris une ride.

(*) Ed. Hors Collection

 

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