Il vient de mourir, à 87 ans, comme il avait vécu. Discrètement. Et pourtant, Pierrre Etaix était de la race des Buster Keaton.

Complice de Jacques Tati, d’Annie Fratellini, avec laquelle il partagea tout y compris une passion pour le cirque et les clowns, Pierre Etaix a signé de grandes œuvres burlesques où son humour distingué fit merveille. L’homme n’était pas de la race des humoristes en gros. Non, il lorgnait plus du côté d’une douce ironie de vivre. Un humour en forme de politesse du désespoir. Et pourtant, travailler avec lui n’engendrait pas la mélancolie. Evoquant son travail avec Jean-Claude Carrière, son complice en écriture dans les années 60, Pierre Etaix racontait  : « Ça a toujours été un accord parfait, parce qu’on s’est follement amusés à écrire. Quand on trouvait, on était morts de rire. ».

Réalisateur, Pierre Etaix  fut aussi cinéaste et remarquable dessinateur. En 1963, il avait remporté un Oscar pour le court-métrage Heureux anniversaire. Et des films comme Le Soupirant, Yoyo, une poétique plongée sur l’univers du cirque, restent à tout jamais dans la mémoire des amoureux du cinéma. La vie d’artiste ne fut pas toujours tendre avec Pierre Etaix qui mit des années à récupérer les droits d’auteur de ses cinq longs métrages et deux courts en 2009. L’homme avait confié  évoquant son envie de faire du cinéma après avoir offert ses talents de graphistes à Jacques Tati sur le tournage de Mon oncle : « Je n’avais pas du tout l’intention de faire du cinéma. Tati avait regardé des dessins que j’avais fait, et il m’avait dit que j’avais le sens de l’observation, donc du gag… Je me suis mis à chercher des idées comiques. C’est comme ça que tout a commencé ».

Le Soupirant

Yoyo

Le Grand Amour