NELLY KAPLAN : DES SOUVENIRS PAS TOUJOURS PALPITANTS

imageEntrez, c’est ouvert, c’est l’autobiographie de Nelly Kaplan (*), qui travailla longtemps au côté d’Abel Gance mais a aussi réalisé La Fiancée du Pirate, un film qui fut un choc à sa sortie en 1969. Une femme libre dont les souvenirs ne sont pas toujours palpitants.

Nelly Kaplan n’est pas une personnalité banale et ses Mémoires sont à son image. Libre et suivant un désordre… organisé. D’emblée, elle avertit : « Le jour où je t’ai conçue, ma dit un jour ma mère (je devais avoir quinze ans), le Diable avait pris la place de ton père ! » Au lieu de me bouleverser, cette assertion m’a plu. Je n’étais pas née uniquement des éternités différentes de l’homme et de la femme puisque Lucifer y avait mis son grain de poivre ! » Le ton est donné et la dame qui assista les derniers grands films d’Abel Gance, passa à la réalisation avec notamment La Fiancée du pirate, mais signa aussi des livres érotiques sous le pseudonyme de Belen,  ne s’autocensure pas trop quand elle revient sur son parcours.

Une partie de ces Mémoires valent le détour quand il est question aussi bien des Surréalistes, de sa relation avec André Breton ou Philippe Soupault, que de tournages avec Abel Gance. Ainsi, quand elle décrit le sale caractère du Pape du surréalisme qui exigea qu’elle lui rende, suite à une dispute, tout leur échange de courrier. Et Nelly Kaplan de raconter comment elle a réagi en lui rendant une visite surprise avec son courrier déchiré dans un sac . « De plus en plus surpris, André reste coi. C’est le moment que je choisis pour ouvrir le sac et lui lancer les « confettis » à la figure. Là, il est stupéfait. Ce doit être la première fois dans son existence où quelqu’un agit de la sorte envers des textes aussi superbes ! Pendant une fraction de seconde, j’ai l’impression qu’il veut me frapper. Je ferme les poings, m’apprêtant à riposter. Mais non : à la place, il éclate de rire. Je finis par rire à mon tour. »

18385807Il en est de même quand elle revient sur son travail avec Abel Gance (avec lequel elle connut une histoire d’amour tumultueuse) sur le tournage de film comme Austerlitz, qui fut une campagne difficile en ex-Yougoslavie. « Aujourd’hui, en flash-back, je nous perçois comme des pionniers partis à la conquête du Far West et encerclés sans répit par des hordes sauvages. Sauf que, pour  nous défendre, l’usage des armes restait interdit. C’est dommage : cela aurait rendu les producteurs un peu plus attentifs à nos problèmes.« 

Tout n’est pas aussi savoureux dans ces pages et si la femme a connu une vie sentimentale libre, ses propos ne sont pas toujours d’une grande force. Ainsi quand elle lance : « Questions : en additionnant la quantité de sperme que j’ai su déclencher, pourrait-on remplir une baignoire ? Si tel était le cas, aurais-je eu envie d’y plonger ? Quelle serait, en la matière, l’opinion d’Archimède ? »

Franchement, on survole vite de tels passages qui n’ont qu’un intérêt moyen. Et les souvenirs de Nelly Kaplan semblent au final (souvent ?) un brin longuet. Un tel parcours méritait une autobiographie plus fouillée et moins anecdotique.

(*) Ed. L’Âge d’homme

Quand Nelly Kaplan se raconte

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