CARMINA !, de Paco León – 1h33
Avec Carmina Barrios, Maria León
Sortie : mercredi 27 juillet 2016
Je vote : 4 sur 5
Le pitch ?
Sévillane et femme extravagante, Carmina, décide après la mort subite de son mari chéri de ne pas déclarer son décès afin d »encaisser ses derniers salaires. Elle convainc sa fille Maria de sa bonne intention. Un succession de péripéties et situations loufoques s’entremêlent alors…
Les raisons d’aller voir ce film ?
Un cinéaste inventif. Acteur, scénariste, producteur, réalisateur, Paco León est souvent comparé à un Pedro Almodovar en Espagne. Et on doit dire que, dans le délire surréaliste, il n’est pas le dernier à rivaliser d’imagination pour créer des scénarios déroutants à souhait, ce nouveau film en est la preuve. Lui se contente de souligner : « La comparaison me flatte, car je l’admire profondément. Soit dit au passage, il a beaucoup aimé Carmina, et cela est un immense honneur. Quant à la polyvalence, elle est primordiale pour moi car je me lasse vite de moi-même, et j’adore aborder constamment de nouvelles choses, et ne pas me reposer sur ce qui a bien marché ». Sur un thème noir, Paco León parvient à tenir en haleine le spectateur de scène en scène avec une histoire où il a puisé des éléments dans la réalité comme le téléphone rose par exemple.
Un hommage à sa mère. En faisant tourner sa propre maman, le cinéaste ne s’est pas trompée tant elle réussit à faire dans « l’hénaurme », sans jamais tomber dans le ridicule, un peu à la manière des grandes comédies italiennes des années 70. Aussi rusé que cynique, Carmina est en effet prête à tout pour protéger sa famille jusqu’au bout. Il souligne : « « Parle de ton peuple et tu raconteras le Monde » disait le sage. J’ajouterais : « Parle de ta mère et tu raconteras toutes les mères du Monde ». Je crois que chaque mère peut être le sujet d’un film. Oui, pour moi, Carmina est une gardienne redoutable et féroce, capable de tout pour défendre les siens. Il existe des Carmina partout, des Carmina en Colombie, en Italie, en Russie… Pour avoir projeté le film en Amérique latine, en Australie, au Canada et au Royaume-Uni, je peux vous dire que le personnage est vraiment compris par tous. L’humour de base fonctionne de la même manière et paraît simplement plus exotique selon les endroits. Plus le portrait est précis, plus sa portée est universelle. »
Derrière ce portrait d’une femme forte et cynique, le cinéaste nous touche d’autant plus que son scénario aborde bien des thèmes d’une douloureuse actualité, que ce soit la crise, l’immigration, la monarchie espagnole. Le cinéaste poursuit : « Imaginer la mort d’un parent par le biais sa propre famille est un point de départ très fort du film, c’est le genre d’événement que l’on sera obligé de vivre. Au fond, j’avais sans doute besoin de le mettre en scène pour mieux y être préparé. De toute façon, c’est un peu comme un cadeau que je me fais : quand mon père et ma mère ne seront plus de ce monde, j’aurai toujours ce film. »
C’est drôle, fort et décapant en diable, alors pourquoi s’en priver ?

