L’AMOUR ET LA GUERRE DANS LES BALKANS

SOLEIL DE PLOMB, de Dalibor Matanic- 2h03

avec Tihana Lazovic, Goran Markovic, Nives Ivankovic

Sortie : mercredi 30 mars 2016

Je vote : 4 sur 5

Quezako  ?

Construit sur trois histoires d’amour, à travers trois décennies consécutives, dans deux villages voisins des Balkans marqués par une longue histoire de haine inter-ethnique, Soleil de Plomb est un film sur la fragilité – et l’intensité – de l’amour interdit.

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Pourquoi y aller sans tarder ?

 A travers ces trois récits, extrêmement bien liés entre eux – le film a reçu un prix du Jury mérité au Festival de Cannes dans la sélection Un certain regard-  Dalibor Matanic évoque toutes les haines qui nous gouvernent. Et, en premier lieu, en partant de sa propre culture, celles qui sont inter-ethniques. Commentaires du cinéaste d’origine serbe : « Le déclic a eu lieu lorsque je me suis rappelé ce que me disait ma grand-mère lorsque nous parlions de mes petites-amies : « tant qu’elle n’est pas l’une des leurs… » Elle souhaitait que j’évite de fréquenter des jeunes filles serbes. Ma grand-mère m’a toujours manifesté un amour et un soutien inconditionnels, et je trouvais cette attitude contradictoire, perturbante« .

Une haine qui est si porteuse de métastase qu’elle distille un véritable virus dans les relations humaines. Dans le deuxième volet du film, l’incapacité des deux personnages à dire l’innommable et à se réunir autrement que par un coït animalier prouve bien que les blessures demeurent, prêtes à resurgir avec une violence intacte.03 Zvizdan

On ne peut qu’être porté dans ce film long – mais où l’on ne sent pas les minutes passer – par la mise en scène astucieuse du cinéaste qui prend toujours le temps d’installer son couple principal dans un paysage qui ne bouge pas alors qu’il sert de décor aux pires errances humaines. Par le sens du détail, de l’objet qui surgit ici où là – telle cette tapette à mouche qui semble ne plus avoir d’âges, un calendrier oublié- il symbolise aussi comment le passé pèse de tout son poids sur un présent fragile.

Et puis, il y a le duo de comédiens principaux qui se sont glissés parfaitement dans trois histoires qui se ressemblent sans se suivre. Tihana Lazovic notamment fait passer beaucoup d’émotions dans un simple regard, un mouvement brusque. Farouche un instant, elle peut s’abandonner complètement dans une scène de sexe,  sensuelle et brutale.

Premier film d’une « trilogie du soleil », ce premier opus est fort, émouvant et cinématographiquement très efficace. Dans le prochain, L’Aurore, le cinéaste prévoit d’évoquer la force des liens émotionnels et la cupidité.  On l’attend donc avec une certaine impatience…

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