LE DOUBLE VISAGE DE MICHAEL SHANNON

MIDNIGHT SPECIALL’homme n’a ni une présence, ni un jeu classique. Visiblement, Michael Shannon, 41 ans et quelques rides,  est un comédien auquel un certain cinéma fait les yeux doux. Le voilà l’affiche le 16 mars de Midnight Special, de Jeff Nichols et de 99 Homes, très intéressant film de Ramin Barhani qui sort en e Cinema, le 18 mars.

C’est au théâtre à Chicago  que Michael Shannon a fait ses premières armes avant de filer à Londres et d’apparaître dans plusieurs séries télévisées. D’abord repéré dans des films de guerre, Michael Shannon voit la chance tourner pour lui  en 2007. En trois films –Bug de William Friedkin,  l’adaptation de la pièce de théâtre dans laquelle il interprétait aussi le personnage de Peter, 7 h 58 ce samedi-là de  Sidney Lumet  et Lucky You de Curtis Hanson. Après Les Noces rebelles, de Sam Mendes, en 2008, qui lui vaut une nomination aux Oscars,  il va croiser le chemin d’un cinéaste qui deviendra un ami : Jeff Nichols. Avec lui, il  tourne quatre films dont le dernier Midnight Special où, après Take Shelter, il joue une nouvelle fois un père de famille inquiet et aussi, cette fois, traqué. Pas du genre à se répandre, Michale Shannon dit : « J’aime l’ambiguïté du propos. La plupart des gens ont une part de mystère : ils doivent affronter certaines questions sans réponse. Je ne pense pas que Roy sache vraiment ce qui arrive à son fils ».

L’homme n’est pas du genre à sur-vendre ses talents. Dans une interview au magazine Studio Ciné Live, il dit sobrement : « Sur scène, il faut de bons interprètes, sinon, ça ne marche pas. Au cinéma, pas besoin : la caméra travaille pour vous. » Le comédien n’hésite pas, en revanche, à se remettre en cause. La preuve avec son prochain film : il va jouer Elvis Presley, dans un biopic de Liza Johnson. Il faudra quand même autre chose qu’une bonne caméra pour faire revivre le King sur grand écran et Michael Shannon le sait parfaitement…

LES FILMS – CRITIQUES

Midnight Spécial, de Jeff Nichols – 1h51 (sortie : 16 mars 2016)

MIDNIGHT SPECIAL

Je vote : 2 sur 5

L’histoire ?

Roy (Michael Shannon) part en cavale pour protéger son fils Alton (Jaeden Lieberher), petit garçon aux pouvoirs mystérieux. Voulant échapper à des fanatiques religieux et à la police, père et fils se retrouvent bientôt les proies d’une chasse à l’homme à travers tout le pays. Même les plus hautes instances du gouvernement cherchent à les neutraliser. Roy est désormais prêt à tout pour permettre à Alton d’accomplir son destin – quel qu’il soit et quels qu’en soient les risques.

Et alors ?

Hésitant entre le thriller de science-fiction et un drame plus intimiste, le nouvel opus de Jeff Nichols joue sur plusieurs tableaux et oscille entre le film indépendant en forme de road movie d’une famille pourchassée aussi bien par les autorités que par une secte d’illuminés, et la grosse production avec effets surnaturels. Sur le plan de la mise en scène, il n’y a rien à dire et le cinéaste assure dans tous les registres, tout comme les comédiens, Michael Shannon en tête.

Pour autant, cette histoire d’un gamin extraterrestre ne parvient pas à bouleverser son monde et les multiples poursuites en bagnole finissent pas tourner un brin en rond et à laisser le spectateur – sauf s’il est mordu d’effets spéciaux et de science-fiction – sur le bas côté de la route.

99 Homes, de Ramin Bahrani – 1h51 (sortie en e-cinéma, le 18 mars)

99Homes01

Je vote : 4 sur 5

L’histoire ?

Rick Carver (Michael Shannon), homme d’affaires à la fois impitoyable et charismatique, fait fortune dans la saisie de biens immobiliers. Lorsqu’il met à la porte Dennis Nash (Andrew Garfield), père célibataire vivant avec sa mère et son fils, il lui propose un marché. Pour récupérer sa maison, sur les ordres de Carver, Dennis doit à son tour expulser des familles entières de chez elles…

Pourquoi se brancher ?

A Deauville, ce film a reçu un Grand prix mérité, tant Ramin Bahrani, sur fond de crise immobilière, révélant les fissures du système capitaliste et du monde du fric pour le fric, sait signer une histoire prenante et à l’atmosphère pesante à souhait. Commentaires du cinéaste : « Le phénomène des « 99% » est mondial. Une personne normale, où qu’elle vive dans le monde, ne peut plus espérer prospérer en faisant un travail honnête et en cherchant à s’y investir pleinement car elle se heurte à la cupidité et à la corruption généralisées. Lorsqu’un homme est face à un peloton d’exécution, doit-il aider son bourreau à appuyer sur la gâchette ? Que peut-il faire d’autre sinon conclure un pacte avec le diable ? » 

Ici, Michael Shannon campe un agent immobilier qui est un vrai salaud, un homme sans scrupules qui n’a aucun état d’âme à virer de chez eux des familles endettés par la crise de sub-primes. C’est nerveux, bien joué et bien filmé.  Un petit plaisir à s’offrir sur toutes les bonnes plateformes. A défaut, et c’est bien dommage, de le découvrir sur un vrai grand écran.

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