LOUIS-FERDINAND CÉLINE – DEUX CLOWNS POUR UNE CATASTROPHE, d’Emmanuel Bourdieu – 1h37
Avec Denis Lavant, Géraldine Pailhas, Philip Desmeules
Sortie : mercredi 9 mars 2016
Je vote : 4 sur 5
Quezako ?
Un choc de comédien. Il fallait trouve un acteur pour incarner Céline dans sa démesure, sa logorrhée, sa folie et ses mensonges. Après l’avoir déjà campé de façon magnifique sur scène en 2015 dans Faire danser les alligators sur la flûte de pan, au théâtre de l’Œuvre, Denis Lavant reprend le flambeau et force le respect.
Malgré son peu de ressemblance avec le grand écrivain, il est médusant aussi bien quand il campe un Céline agressif, qu’un être pouvant tour à tour être braillard puis suppliant. Confidences d’Emmanuel Bourdieu : « Je ne voulais pas d’un Céline purement intellectuel et désincarné, ni d’un vieillard poétique, effondré sur son lit, comme on le représente bien souvent, mais un
homme révolté, multiple, remuant, excessif, changeant au milieu d’une phrase ou d’un geste, passant de la fureur la plus énorme à la plus extrême délicatesse et à l’humour le plus insolent. Denis ne ressemble pas au vrai Céline, mais il a son énergie et il sait jouer de ces ruptures permanentes, aussi effrayantes que fascinantes. » Il faut le voir expliquer à sa femme une danse « juive » pour mesurer la puissance gestuelle d’un tel comédien. Face à lui, forte de son passé de danseuse, Géraldine Pailhas est impressionnante dans la peau de Lucette, l’épouse du romancier, qui le suit dans tous ses délires même si elle doit renoncer à son métier – la danse – ou le faire comme un vulgaire hobby. « J’ai tenté de dépeindre cette femme de tête à l’aune des hommes qui l’entourent : ambivalente. Ce qui la caractérise, avant tout, c’est son amour inconditionnel pour Céline. Mais cet amour n’est pas mièvre, ni larmoyant. Lucette ne pleurniche pas, ne se plaint pas, elle agit, elle défend son mari par tous les moyens – contre les autres et, surtout, contre lui-même » ajoute le réalisateur.
Ni manichéen, ni caricatural, ce Céline de cinéma est une vraie contribution à la lecture d’un romancier aussi génial que capable des pires excès. Et puis, rien que pour Denis Lavant, il faut courir voir ce film.
