AVRIL ET LE MONDE TRUQUÉ, de Christian Desmares et Franck Ekinci
Création et univers graphique : Tardi
Avec les voix de Marion Cotillard, Philippe Katerine, Jean Rochefort, Olivier Gourmet, Bouli Lanners
Sortie : mercredi 4 novembre 2015
4 sur 5
1941. Le monde est radicalement différent de celui décrit par l’Histoire habituelle. Napoléon V règne sur la France, où, comme sur la terre entière depuis soixante-dix ans, les savants disparaissent mystérieusement, privant l’humanité d’inventions capitales. Ignorant notamment radio, télévision, électricité, aviation, moteur à explosion, cet univers est enlisé dans une technologie dépassée, comme endormi dans un savoir du XIXème siècle, gouverné par le charbon et la vapeur. C’est dans ce monde suranné qu’une jeune fille, Avril, part à la recherche de ses parents, scientifiques disparus, en compagnie de Darwin, son chat parlant, et de Julius, une espèce de Gavroche. Ce trio devra affronter les dangers et les mystères de ce Monde Truqué. Qui enlève les savants depuis des décennies ? Dans quel sinistre but ?
Les amateurs de l’univers bourré d’imagination de Jacques Tardi ne pourront que courir voir ce film d’animation, fruit de sept ans de travail entre le duo de réalisateurs et le célèbre dessinateur, même si celui-ci n’est intervenu qu’après la dixième version du scénario. Au final, en jouant habilement sur la chronologie, ce film d’animation aussi beau visuellement que bien rythmé nous plonge dans un univers parallèle où le temps semble comme figé. Un univers aussi qui n’est pas sans offrir quelques parallèles avec le monde moderne et ses dirigeants, évoquant aussi quelques désastres écologiques. Même si Tardi dit avec précaution : » J’espère qu’après avoir vu le film, le spectateur aura perçu ce que nous avons voulu dire. Mais n’oublions pas que nous nous trouvons au sein d’une histoire rocambolesque, totalement fantaisiste, et qu’il est hors de question d’asséner aux gens notre manière d’aborder la politique et notre vision du monde dans lequel nous vivons. »
Indéniablement, le travail de fourmi des deux réalisateurs a, après un certain nombre d’aléas, été payant et le duo s’est bien réparti les taches pour servir l’univers de Tardi. « Je m’occupais plus particulièrement de la mise en scène, c’est à dire du storyboard, des comédiens, du son et de la conception visuelle, tandis que Christian se chargeait de la réalisation de l’animation, des décors, et de la conception artistique de « Tardification » du script, avec les recherches graphiques sur les couleurs, les véhicules, etc… », souligne Franck Ekinci.
La réussite du projet tient aussi à un casting magnifique des voix. Rien que les prestations de Jean Rochefort pour le personnage du vieux savant un brin illuminé Pops et de Philippe Katerine, dans la peau du chat Darwin, sont à marquer d’une pierre blanche. Inventif, non dénué d’humour et offrant, l’air de rien, quelques sujets à méditer sur un monde tel qu’il (ne)va (pas), ce film d’animation est un petit régal.
A signaler : le prolongement en librairie, avec les éditions Casterman de l’aventure avec trois livres dont « Le Roman du film »



