MARYLAND, d’Alice Winocour – 1h38
Avec Matthias Schoenaerts et Diane Kruger
Sortie : mercredi 30 septembre 2015
Je vote : 2 sur 5
De retour du combat, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatique, doit assurer la sécurité de Jessie, la femme d’un riche homme d’affaires libanais, dans sa propriété «Maryland». Tandis qu’il éprouve une étrange fascination pour Jessie qu’il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations. Malgré le calme apparent qui règne sur «Maryland», Vincent perçoit une sourde menace …
Pour son deuxième long-métrage, Alice Winocour a eu l’idée originale de se confronter à un film de genre en racontant l’aventure d’un soldat, traumatisé par la guerre, qui remplit une mission en terrain plus connu, sans pour autant échapper à ses névroses intimes. Une idée qui a été « soufflé » à la cinéaste par le travail de photographes de guerre, comme elle le raconte : « Je me suis intéressée aux photographes de guerre qui parlaient du retour difficile à la vie civile, après avoir côtoyé la mort et les horreurs des combats. De fil en aiguille, j’ai rencontré des soldats qui rentraient d’Afghanistan et qui me parlaient de leurs troubles, de leurs angoisses, de leurs accès de violence. Tous ces maux que l’on regroupe sous le terme de syndrome posttraumatique et qui mettent les soldats hors jeu. Le personnage de Vincent est né de ces rencontres. J’ai imaginé que mon personnage serait un soldat à qui l’on dit qu’il ne peut pas repartir en opération, comme un ouvrier usé qu’on met à la casse. Et que le trajet de ce personnage serait celui de quelqu’un qui reprend possession de son corps. L’idée du film d’action est venue de là, du personnage. »
Après une séquence d’ouverture très réussie où le spectateur plonge d’emblée dans le quotidien du soldat, et où Matthias Schoenaerts parvient parfaitement à faire ressentir les blessures profondes de Vincent, le film tient ses promesses durant toute la première partie où l’on découvre l’univers d’un riche marchand d’armes, les relations entre les gars chargés de la sécurité le temps d’une fête somptueuse où les plus hautes autorités de l’état sont présentes…
En revanche, le film frôle l’invraisemblable dans la deuxième partie où la réalisatrice a bien du mal à rebondir sur l’idée, sur le papier intéressante, du trafic d’armes sur fond de compromissions politiques, et lorsque surgit l’esquisse d’une relation amoureuse par trop caricaturale et prévisible. Avec notamment la séquence où le collègue de Vincent venu à sa rescousse signe un numéro de drague sur fond d’un tube reggae.
A partir de là, l’histoire dérape et le spectateur se sent soudain bien seul face à un scénario qui a du mal à offrir des rebondissements crédibles, avec une musique électronique envahissante dès qu’il s’agit de signifier les troubles auditifs de Vincent. Et on a bien du mal à croire à la personnalité de la belle Diane Kruger, visiblement malheureuse en mariage, et qui se sent soudain très à l’aise avec ce militaire avare de mots.
C’est d’autant plus dommage que les pistes ouvertes avec l’évocation du trafic d’armes auraient pu donner lieu à des moments plus justes, et renforcer la dramaturgie de l’ensemble.



