LA VIE EN GRAND, de Mathieu Vadepied – 1h33
Avec Balamine Guirassy, Ali Bidanessy, Guillaume Gouix, Joséphine de Meaux
Sortie : mercredi 16 septembre 2015
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Adolescent de 14 ans, Adama vit avec sa mère dans un petit deux-pièces dans une banale banlieue parisienne. Même si c’est un élève prometteur, il est en échec scolaire . Avec Mamadou, plus jeune que lui, ils vont inverser le cours de leurs vies en se livrant à un commerce pas vraiment licite.
Et alors ?
On pouvait craindre un film de plus sur la banlieue : il n’en est rien. Avec ce film, Mathieu Vadepied signe une belle histoire en filmant la réalité à la hauteur de ce jeune adolescent qui tente de donner un sens à sa vie terne en aidant sa mère, même par des moyens pas très légaux. Si la banlieue sert de cadre à son histoire, s’il est question du trafic de drogue, le film n’est pas qu’une chronique sociale mais surtout le portrait d’un garçon qui veut s’en sortir par tous les moyens. Confidences du cinéaste : « Je ne voulais pas être de façon univoque dans un cinéma naturaliste et social, que j’aime beaucoup, mais qui a parfois tendance à la moralisation. Je souhaitais travailler la fiction débridée et décomplexée, dans la limite de la vraisemblance. Car pour moi qui viens du documentaire, dans mes affinités premières, le statut de la fiction est souvent remis en question. On a donc travaillé cet équilibre fragile tout au long de l’écriture qui s’est déroulée jusqu’au tournage, au montage et même pendant la composition de la musique. C’était un fil sur lequel je me sentais comme un funambule, dans un équilibre complexe à trouver. »
Le charme de ce film tient aussi au mélange de réalisme et d’humour dont le réalisateur parsème son récit, porté par des dialogues qui sonnent juste et font souvent mouche. Cela offre des séquences très réussies comme l’entretien d’Adama et du père de substitution qu’il s’est choisi avec la directrice du collège . Trouvé au terme d’un long casting d’un an et demi qui a fait défiler 1 500 enfants, Balamine Guirassy fait une prestation très subtile d’un ado qui conserve un côté sauvage, distant mais peut, à certains moments, laisser éclater une belle douceur.
Côté adultes, le metteur en scène a eu la main heureuse en choisissant Guillaume Gouix, un comédien très en vue actuellement, et Joséphine de Meaux pour camper le professeur principal de gym et la directrice : les deux acteurssont justes de bout en bout dans cette fable moderne où il est autant question d’éducation, de polygamie, de fraternité… Original, sensible et bien mené.


