PAPA LUMIÈRE, de Ada Loueilh – 1h24
Avec Niels Arestrup, Julia Coma, Natacha Lindinger, Bruno Todeschini –
Sortie : mercredi 29 juillet 2015
Je vote : 3 sur 5
Aéroport Charles de Gaulle, avril 2011. Jacques et Safi débarquent d’Abidjan, d’où ils ont été rapatriés en urgence. Lui a le cuir vieux, tanné par l’Afrique et sa vie d’hôtelier expatrié. Elle, sa fille métisse de 14 ans, a pris l’habitude de vivre avec sa mère et ne sait que penser de ce père entier mais paumé qui l’a soudain embarquée avec lui . Déplacés dans un centre d’accueil à Nice, ils vont apprendre à se regarder, à se connaître, à s’aimer peut-être. Mais il y a Gloria aussi, la mère de Safi, laissée dans la tourmente d’Abidjan et injoignable…
Pour son premier long métrage, Ada Loueilh, née en Corse mais partie à 2 ans vivre à Abidjan avec ses parents, a mêlé une histoire personnelle à la crise politique qu’a vécu le pays en 2011 dans un climat de vraie guerre civile. Car, à un moment, ses parents ont décidé de rentrer même si le retour n’avait rien d’aussi catastrophique que celui de Jacques.
La réalisatrice raconte : « J’avais un peu moins de dix ans, et le retour a été quelque chose de douloureux, mais d’intérieur je dirais. En 2011 vient la crise politique ivoirienne et les souvenirs reviennent d’un coup : c’est très étrange de voir des lieux où l’on a vécu enfumés, sanctuarisés par les troupes armées ou jonchés de cadavres, et de retrouver dans le même temps les sensations du passé, une odeur… Je me suis alors mise à relire notre histoire familiale, et celle de beaucoup d’expatriés revenus, comme l’histoire de « métisses invisibles », de gens dont le psychisme est à tout jamais divisé, ni tout à fait d’ici ni tout à fait d’ailleurs. Des gens partagés. »
Elle a eu la main heureuse en confiant le rôle principal à Niels Arestrup qui parvient à exprimer toute la lassitude de cet ancien gérant d’hôtel revenu de tout et qui noie son désarroi dans l’alcool. « J’ai été ému par ce personnage cabossé par la vie, abîmé par son long exil ivoirien et qui, à cause de cette circonstance si douloureuse qu’est un rapatriement d’urgence, va être contraint de prendre en charge sa fille, matériellement et sentimentalement, et donc, au-delà, de s’assumer lui, en dépit de sa fatigue et de son déclassement social« , souligne le comédien qui parvient à ne jamais être ridicule même quand il joue les promeneurs de chiens pour bourgeoise de Nice. Comme si, malgré les coups de la vie, Jacques ne perdait jamais une certaine distance avec les coups durs. Il donne parfois le sentiment du boxeur sonné par un coup de trop mais qui s’accroche. Et on ne peut être qu’étonné par la fraicheur et la justesse de jeu de sa partenaire, la jeune Julia Coma, tout droit sortie du lycée.
Malgré l’indéniable qualité d’écriture du scénario, il y a, dans la réalisation quelque chose d’un peu trop scolaire qui empêche le film de prendre de la hauteur et une certaine ampleur. Et l’histoire ne parvient pas à échapper à un certain pathos.


